Le premier contrat d'assurance prairie disponible

Dans 80% des cas, les risques climatiques sur prairies sont liés à la sécheresse. Photo: N. Tiers/Pixel image
Pacifica, filiale assurances dommages de Crédit agricole assurances, a annoncé le lancement au 15 juin d'un contrat assurance des prairies construit en partenariat avec Airbus Defence and Space, n°1 européen de l'industrie spatiale et de la défense. C'est la première solution d'assurance couvrant les risques climatiques sur les prairies, ces derniers étant liés à 80% à la sécheresse.

Pour créer ce contrat, Pacifica a travaillé depuis 2010 avec environ 70 éleveurs sur dix départements, afin de tester ses idées et ses champs de garantie. La particularité de ce contrat est qu'il n'est pas basé sur une expertise humaine mais sur un indice satellitaire développé par Pacifica avec Airbus Defence and Space. La baisse de production des prairies est mesurée par satellite à l'échelle de la commune grâce à un Indice de production fourragère (IPF) basée sur la technologie fCover (fraction de couvert).

Bruno Lepoivre, adjoint au directeur du marché de l'agriculture et de la prévention Pacifica, explique :

Cet indice mesure la fraction productive du couvert : c'est une mesure biophysique de la réalité de la pousse. C'est cet indice qui a montré la meilleure corrélation avec la production des prairies.

Grande confiance dans le satellite

L'étude de cette qualité de corrélation a été faite en confrontant les valeurs de production indiquées par les éleveurs avec les valeurs obtenues par satellite. Un travail réalisé en collaboration avec le laboratoire de télédétection de l'Ecole de Purpan, et qui a donné lieu à deux publications scientifiques.
Bruno Lepoivre :

On s'attendait à de la réticence de la part des éleveurs, mais nous avons été surpris de constater qu'ils ont en fait une grande confiance dans les données satellitaires. C'est ainsi que se font les contrôles de la Pac. C'est ainsi également que certains gèrent leurs engrais azotés via la technologie Farmstar. Nous avons aussi constaté que les éleveurs ne connaissent pas avec précision la production de leurs prairies, et les données satellitaires leurs apportent donc de la précision.

Capital moyen à 150 euros/tonne de foin

Le contrat assurance prairies de Pacifica permet de verser un capital à l'éleveur dont les prairies subissent une baisse de production liée au climat. Ce capital lui permet de racheter des aliments pour nourrir son troupeau. Le montant du capital assuré, ajustable par type de prairie (permanente, temporaire, légumineuse, etc.), et le niveau de franchise (10 à 50%) sont au choix de l'éleveur. Celui-ci peut donc être assuré dès 10% de perte de production, par rapport à la moyenne des
5 dernières années (déduction faite de la meilleure et de la moins bonne, soit une moyenne sur 3 ans).

Bruno Lepoivre :

Les systèmes d'élevage sont très hétérogènes et pas seulement en fonction de la région, mais aussi en fonction de la conduite des prairies et de la politique de stockage. Le facteur psychologique de l'appréhension du risque est également très variable d'un éleveur à l'autre. C'est pour cela que nous lui laissons le choix du capital et du taux de franchise.

En moyenne dans les tests réalisés, le capital est estimé à 750 euros/ha, soit environ 150 euros/tonne de foin. Et tous les niveaux de franchise sont choisis, en fonction notamment du stock dont dispose l'éleveur. Pour un capital de 750 euros/ha et avec une franchise de 25%, le coût de l'assurance est de 30 euros bruts par hectare, soit 10 à 12 euros nets après déduction des aides à l'assurance.

L'assurance prairie de Pacifica peut être souscrite avant le 31 janvier pour couvrir la production d'herbe entre le 1er février et le 31 octobre. L'assuré peut suivre l'évolution de son indice de production sur le site Internet Pleinchamp. Pour 2015, 300 éleveurs ont souscrit à ce contrat d'assurance.

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