Le trèfle blanc en bon compagnon du maïs

Le trèfle blanc nain colonise rapidement la ligne de semis et assure un contrôle des adventices. Photo : Justine Sourisseau – GRCeta SFA

Dans les Landes, zone de monoculture de maïs, les essais sur la culture sont légion. La coopérative Maïsadour et le GRCeta des sols forestiers d’Aquitaine sont moteurs pour les essais de semis de maïs sous couvert d’une légumineuse.

L’espèce choisie est le trèfle blanc nain, voire extra nain, dans l’une des parcelles d’essai du GRCeta SFA. Les deux structures ont opté pour le trèfle blanc nain d’abord pour sa capacité à se développer dans des sols sableux et acides. Sylvain Pons, conseiller agronomique au sein de Maïsadour, avance d’autres avantages :

Le risque que le trèfle blanc concurrence le maïs pour la lumière est relativement faible. Le trèfle blanc nain atteint habituellement une quinzaine de centimètres de hauteur. Le trèfle blanc extra nain dépasse rarement dix centimètres. De plus, ils tolèrent l'ombrage et possèdent un système racinaire peu agressif.

Privilégier le semis d’automne

À la fois pour laisser le temps au trèfle de s’implanter avant le semis de maïs et assurer un meilleur contrôle des adventices au printemps, le semis de la légumineuse a été réalisé en octobre. Sylvain Pons poursuit :

En étant plus développé au printemps, le trèfle supporte également mieux le passage des engins. Ce qui se traduit par une moindre perte de pieds.

Justine Sourisseau, apprentie ingénieure au sein du GRCeta SFA en charge des essais sur les couverts, ajoute :

Le trèfle blanc nain est malmené par les pratiques culturales. Il faut donc opter pour des variétés résistantes. Et même semé à 10 kg/ha dans les essais du GRCeta, le trèfle n’est pas toujours présent de manière homogène dans la parcelle.

Quoi qu’il en soit, l’implantation du trèfle coûte près de 70 euros/ha selon Maïsadour. L’objectif est donc de lisser cet investissement sur plusieurs années.

Écarter le trèfle de la ligne de semis

L’année d’implantation du trèfle, la stratégie de désherbage du maïs doit être adaptée pour être sélective du trèfle et ne pas amputer son potentiel de couverture du sol. Les années suivantes, la légumineuse est suffisamment résistante et développée pour supporter des produits phytosanitaires plus agressifs ou des impasses de désherbage.

Le point de vigilance principal de cette technique réside dans l’implantation du maïs. Dans leurs essais, Maïsadour et le GRCeta SFA ont choisi d’emblaver les parcelles après deux passages de strip-till comme le rappelle Justine Sourisseau :

Le travail du sol avec un strip-till permet d’ouvrir la ligne de semis et d’assurer une structure meuble sur une trentaine de centimètres de large et de profondeur. En plus du travail de la dent, des chasse-débris dégagent les résidus de la récolte précédente et écartent le couvert de trèfle du rang. Malheureusement, un seul passage de strip-till ne permet pas de dégager de manière satisfaisante le trèfle. Dans un trèfle bien développé un second passage est nécessaire dans la foulé du premier. Avec un unique passage, le trèfle risque de concurrencer trop fortement le maïs dans ses stades les plus jeunes car il colonise très rapidement l’espace libre.

La technique de l’herbisemis est ensuite employée. En même temps que l’emblavement, le désherbage de la ligne de semis – environ 30 cm de large – est opéré avec du Camix ou de l’Adengo pour contrôler les adventices sur le rang et éviter que les stolons du trèfle se développent le maïs et le pénalisentAu delà du risque de concurrence en surface, Maïsadour a mis en évidence que ce système est légèrement plus exigeant en eau, comme le note Sylvain Pons :

L’agriculteur chez qui nos essais se déroulent a chiffré à 2 mm/j la consommation supplémentaire de l’association. Ce qui peut vite grimper à 100 mm sur le cycle du maïs.

Pour aller plus loin :
Retrouver l'intégralité de l'article avec les premiers résultats des essais dans Cultivar Leaders n° 62 de Novembre/Décembre 2015 en page 55
Jouer à l'équilibriste entre culture et couvert