Préparer le pâturage de printemps dès cet automne

Les conditions climatiques de cette année et plus particulièrement de cet automne questionnent de nombreux agriculteurs sur la stratégie à adopter durant cette dernière période de pâturage. Faut-il rentrer les animaux plus tôt pour préserver les prairies ou au contraire accepter un piétinement marqué au risque que la végétation redémarre plus tardivement au printemps.

Sur des parcelles gorgées d’eau et peu portantes, le pâturage peut entrainer des phénomènes de piétinement important.

Sur des parcelles gorgées d’eau et peu portantes, le pâturage peut entraîner des phénomènes de piétinement importants.

© Amélie Boulanger

La tournée d’automne Pâtur’ajuste pour les éleveurs meusiens s’est déroulée jeudi 10 octobre 2024. Le sujet principal de la journée : gérer le pâturage d’automne dans l’optique de préparer le pâturage de l’année prochaine.

L’objectif étant d’anticiper pour ne pas subir. Même si Philippe Mestelan, conseiller au sein de Scopela, rappelle « qu’il n’y a jamais de résultats constants avec l’herbe », les pratiques des éleveurs influencent sa dynamique de pousse au fil des saisons. C’est pourquoi il est important de bien définir les objectifs de chaque ilot au sein d’une prairie : pâturage de début de saison, report d’herbe pour la période estivale, préservation des jeunes pousses pour régénérer la prairie, etc.

Les objectifs sont nombreux et tout autant améliorables que les pratiques des éleveurs.

Laisser souffler les prairies

Si un pâturage tournant est appliqué de manière mathématique (ou mécanique) dans des parcelles avec des sols hétérogènes, il est évident que certaines zones des parcelles souffriront tôt ou tard plus que les autres d’une « mauvaise » utilisation.

Mais tout est question d’objectif. Durant cette campagne, où les éleveurs meusiens ont souvent eu l’occasion de reconstituer leurs stocks de fourrage, peut être que cet automne est l’occasion de laisser souffler les prairies, de rentrer les animaux un peu plus tôt, afin de laisser aux jeunes pousses la possibilité de bien s’implanter afin d’exprimer tout leur potentiel lors de la saison de pâturage prochaine.

Spécialiser les prairies

Outre préserver les jeunes pousses, sortir un peu plus tôt de certains ilots à l’automne permettra sans doute d’y entrer un peu plus tôt au printemps prochain. L’objectif d’une année n’étant pas forcément celui de la suivante, la stratégie appliquée cette année pourra s’ajuster l’année prochaine aux conditions climatiques et de pousse de l’herbe de l’année prochaine.

Seulement, certaines zones de parcelles, certaines veines de terres se prêtes plus naturellement à des fonction précises. Une zone un peu humide, peu portante au printemps, semble plus indiquée à un report d’herbe pour assurer l’alimentation des animaux en été. Il est alors moins « grave » d’y laisser les animaux en automne même si le terrain marque un peu en cas de conditions humides. Au contraire, une zone portante est plus apte à recevoir les animaux en début de printemps. Peut-être faut-il y sortir les animaux un peu plus tôt à l’automne pour préparer le printemps suivant... Philippe Mestelan parle ainsi parfois de spécialisation des prairies en fonction de leurs caractéristiques.