Croisement d'absorption : un éleveur laitier raconte son passage en montbéliarde

Sylvain Klein, éleveur de vaches laitières en Moselle, a choisi la race montbéliarde, et le croisement d'absorption.
Sylvain Klein, éleveur de vaches laitières en Moselle, s'est tourné vers la race montbéliarde. Il a choisi le croisement d’absorption, une technique sécurisante selon lui, tant du point de vue économique que sanitaire. Il a ainsi façonné, lentement mais sûrement, un troupeau qui répond à ses objectifs.

Lorsque Sylvain Klein reprend une ferme à Chicourt, en Moselle, en 2001, hors cadre familial, le troupeau est composé de vaches holstein. « Les 170000 l de lait étaient produits en tout herbe, et j’ai vite vu les limites des holstein, surtout en été », explique l’éleveur.

Gagner en rusticité

Alors, en 2005, il décide d’inséminer toutes les vaches avec des semences de taureau montbéliard, afin de gagner en rusticité.

« Les holstein maigrissent plus vite quand il y a un coup de chaud, les montbéliardes sont plus rustiques, elles restent plus en état », estime Sylvain Klein.


Dix-sept ans après, le troupeau de 48 vaches ne compte plus qu’une holstein. Le reste est constitué pour 80% de montbéliardes et 20% de croisées.

Un changement de race sur le temps long

On pourrait s’étonner qu’il reste encore une vache holstein, dix-sept ans après le début du croisement.

Deux raisons expliquent cela : lorsqu’il a commencé le croisement, Sylvain Klein souhaitait agrandir son cheptel et sa référence laitière. Il a donc gardé toutes les femelles.

De plus, il a continué d’inséminer les génisses holstein en holstein, « pour qu’elles n’aient pas de problème au vêlage », confesse-t-il.

Passer en montbéliarde, oui, mais pas coûte que coûte. « Le but, ce n’était pas d’aller vite, mais d’avoir un bon troupeau, qui réponde à mes objectifs », explique Sylvain Klein.

Des vêlages groupés

Objectif principal pour l’éleveur : des vêlages groupés, entre août et septembre.

« Cette période est plus calme au niveau des travaux des champs, je peux ainsi consacrer plus de temps aux vêlages et aux veaux. Cette année, j’ai eu 35 vêlages sur un mois », relate Sylvain Klein.

En outre, la production laitière baisse en juin et les vaches sont taries en juillet et août, lorsque l’herbe manque et que la moisson bat son plein. « En été, la traite me prend trente minutes », estime l’éleveur qui peut alors se dégager du temps pour réaliser d’autres travaux.

Soigner la ration pour préparer au vêlage

Depuis quelques années, trois semaines à un mois avant les vêlages, il déplace toutes les vaches dans un paddock près du bâtiment et leur distribue une ration de préparation au vêlage.
 

« J’en vois les bénéfices, affirme-t-il, la lactation démarre mieux, et les résultats de reproduction sont meilleurs également. »

Ce dernier point est en effet primordial pour conserver des vêlages groupés. « J’insémine à vue, entre novembre et décembre, cela fonctionne plutôt bien », précise Sylvain Klein. La non-adaptation à sa période de vêlage courte constitue toutefois 90% des causes de réforme.
 

« Les holstein sont parties plus vite, ça s’est fait naturellement », explique-t-il.

Les achats d'animaux : source de risques


Pour aller plus vite dans le changement de race, Sylvain Klein aurait pu acheter des animaux. Cependant, cela ne correspond pas à cet éleveur, dont la devise pourrait être « chi va piano, va sano », qui va doucement va sainement. "Sainement" s’entendant à la fois économiquement et sanitairement.

« Pour moi, le croisement d’absorption, c’était la sécurité, l’assurance d’avoir des animaux qui correspondent à mon système. En effet, acheter des animaux non adaptés à ma période de vêlage courte représenterait une perte financière. De plus, parfois, lorsque l’on achète des animaux, on achète aussi des maladies. Et pour s’en débarrasser ensuite, cela peut être compliqué », détaille l’éleveur.

Génotypage en projet

Aujourd’hui, Sylvain Klein a trouvé son rythme de croisière, avec 48 vaches traites et 370000 l de lait. « Le bâtiment que j’ai construit avec mon père, menuisier, et quelques voisins lors de mon installation, est désormais plein », précise-t-il.

Alors, la prochaine étape sera de génotyper les génisses, « afin de trier en amont », ajoute-t-il.

Bientôt, l’élevage devrait être 100% montbéliarde : « L’absorption s’accélère, dans quatre ou cinq ans je ne devrais plus avoir de croisées, même si j’essaie de garder les bonnes vaches le plus longtemps possible », relate l’éleveur. Et si la rusticité l’avait décidé en première instance, il voit d’autres avantages à la race : de meilleurs taux, moins de problèmes de boiteries, un peu moins de surveillance et une viande mieux valorisée. Le produit viande sur l’exploitation est en moyenne de 60 €/1000 l, d’après le suivi Écolait du Bureau technique de promotion laitière.

« Les veaux vendus à 15 jours le sont entre 100 et 150 €. Les quelques croisés blanc bleu belge partent autour de 400 € à un mois, il faut qu’ils prennent du muscle », indique l’éleveur.

Sylvain Klein ne regrette pas ses choix génétiques : « La montbéliarde est un bon compromis entre rusticité et productivité. Depuis que j’ai intégré 40% de maïs fourrage dans leur alimentation, mes vaches produisent en moyenne 7 700 l de lait par an, contre entre 6 500 et 7 000 l en tout herbe », conclut-il.



Cet article est issu du numéro de novembre-décembre 2022 de Cultivar élevage, et vous est offert afin de vous faire découvrir le magazine. Pour vous abonner, cliquez-ici.

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