Alexandra Létoublon commence sa carrière en tant que comptable. Une activité qu'elle exerce 10 ans... avant de s'installer en tant qu'éleveuse. À l'aube de la trentaine, elle rejoint en 2019 le Gaec du Pré Bouillet, à Mouthe dans le Doubs, avec la fierté d'être la première femme à rejoindre cette entreprise créée dans les années 1960.
Mais elle n'est pas complètement en territoire inconnu. Elle vient prêter main forte à son mari Julien sur cet élevage qui exploite principalement la race montbéliarde. Une particularité qui facilitera son intégration et son apprentissage.
Un partenariat avec « Montbéliardes Sélection »
Le Gaec fait partie du territoire de l'AOC comté, qui n'autorise que les races montbéliardes et simmental pour la fabrication du fromage. Le choix de la première citée s'imposait donc naturellement. Et pour garantir un cheptel de qualité, l'entreprise travaille en collaboration avec Montbéliardes Sélection.
« C'est un centre génétique auquel nous faisons confiance. On a choisi de travailler avec eux pour leur expérience, et la certitude d'avoir des vaches solides, rustiques, qui font preuve de résilience face aux maux du quotidien », explique Alexandra Létoublon.
Une recherche de compétitivité...
L'équipe du Gaec de Pré Bouillet mise avant tout sur un cheptel performant, avec des vaches capables d'assurer une production satisfaisante, tout en profitant d'un cadre à leur avantage.
L'exploitation compte 75 vaches laitières pour un total de 180 à 190 têtes, ainsi qu'une centaine de naissances par an. Afin de réserver les génisses les plus prometteuses à la production laitière, les associés procèdent à du génotypage. Les autres sont revendues à d'autres fermes alentour ou à des maquignons.
Le Gaec produit environ 500.000 l de lait par an, qui est revendu à la coopérative de Mouthe, pour la fabrication de comté, morbier ou mont-d'or.
...Sans laisser de côté le bien-être animal
Malgré cette forte productivité, Alexandra Létoublon veille de près sur la santé et la sérénité du troupeau. « On essaie de travailler en respectant au maximum l'environnement, et nos bêtes, poursuit-elle. Depuis 3 -4 ans, on a fait le choix d'éviter les engrais chimiques. En tant que jeune éleveuse, c'était quelque chose qui avait du sens pour moi ».
Au Gaec du Pré Bouillet, les vaches sont chouchoutées, avec la mise en place de nombreuses initiatives pour les maintenir en forme. « On fait profiter à nos bêtes de séances d'acupuncture, et de cures d'homéopathie et d'aromathérapie », déclare l’éleveuse.
Autre mesure appliquée pour améliorer ce bien-être animal : la tétée des veaux, pour les sept jours suivant leur naissance. « On a remarqué que les veaux, comme leurs mères se sentaient mieux dans leur tête après. Et la séparation se passe mieux notamment », précise-t-elle.
En terme de suivi santé, un vétérinaire se rend sur l’exploitation tous les 15 jours, et les vaches destinées à la reproduction bénéficient alors d’une échographie pour vérifier tout éventuel problème latent.
Tendre vers plus d’autonomie
Parmi les objectifs du Gaec, Alexandra Létoublon évoque le souhait d’atteindre l’autosuffisance au niveau des fourrages et aussi celui de pouvoir espacer les visites du vétérinaire, qui représentent un budget important pour l’exploitation. Avec les choix réalisés au niveau génétique et les ajustements instaurés pour le bien-être de leur cheptel, les associés espèrent y parvenir, tout en étant également mieux préparer pour affronter des aléas climatiques qui inquiètent la profession.