L’augmentation de la fréquence des sécheresses et l’émergence de conflits d’usage ont rendu à la ressource en eau son rôle de premier plan pour les activités d’élevage. Les experts de l’Institut de l’Élevage (Idele) estiment que la consommation d’un élevage laitier se situe entre 1 et 3 litres d'eau par litre de lait produit, en incluant l’eau de boisson des vaches et celle nécessaire au nettoyage des équipements.
Quantité… et qualité !
Outre les volumes, la qualité sanitaire de l’eau est primordiale. Bien que les normes pour l’eau des animaux ne soient pas aussi strictes que celles de l’alimentation humaine – ni même des eaux de baignade - des recommandations existent concernant sa composition chimique et sa pureté bactériologique. La qualité de l'eau affecte directement la santé des animaux, leur productivité et le rendement laitier. Les contaminations bactériennes, les niveaux élevés de minéraux comme les nitrates ou le fer, et la présence de métaux lourds peuvent avoir des impacts délétères sur la santé.
Pour s'assurer que l'eau destinée au bétail - qu'elle provienne d'une source, d'un forage privé ou de la récupération des eaux pluviales en toiture - reste potable et sans danger, plusieurs techniques de traitement sont disponibles. Les méthodes de traitement varient en fonction des besoins spécifiques de l’exploitation et des caractéristiques de l’eau utilisée.
La chloration reste la méthode la plus simple
La chloration est l'une des méthodes les plus répandues et constitue un moyen efficace de désinfection. En ajoutant du chlore ou des composés chlorés à l'eau via une micropompe doseuse, les éleveurs peuvent éliminer une large gamme de micro-organismes pathogènes. Son coût modeste, compris entre 0,02 et 0,05 € par mètre cube, en fait une option économiquement viable.
Le traitement par ultraviolets (UV) se présente comme une méthode sans produits chimiques, utilisant le rayonnement pour neutraliser les micro-organismes en endommageant leur ADN. Ce procédé est particulièrement apprécié pour sa capacité à désinfecter sans altérer le goût de l'eau. Toutefois, son efficacité peut être réduite si l’eau contient des particules en suspension, et le coût, variant entre 0,05 et 0,10 € par mètre cube, doit inclure la maintenance régulière des lampes UV pour assurer leur bon fonctionnement.
Pour les exploitations nécessitant une purification plus poussée - pour répondre par exemple aux exigences d'une fabrication fermière au lait cru - l'osmose inverse est une option à considérer. Cette technique utilise une membrane semi-perméable pour filtrer les contaminants dissous, offrant une eau de très haute qualité. L’osmose inverse est cependant plus coûteuse, avec des coûts opérationnels de 0,30 à 0,50 € par mètre cube, en raison de la consommation énergétique et de la maintenance nécessaire pour préserver l’intégrité des membranes.
En complément, les systèmes de filtration physique et chimique combinent l'utilisation de filtres à sable ou à charbon actif avec des agents chimiques pour traiter l'eau. Ces systèmes sont souvent utilisés conjointement avec d'autres méthodes pour maximiser l'efficacité de la purification. Le coût de la filtration se situe entre 0,10 et 0,20 € par mètre cube, et leur efficacité dépend de la régularité de l'entretien des filtres.
En résumé : adapter le traitement à la ressource
Le choix de la méthode de traitement dépend de nombreux facteurs, notamment la qualité initiale de l'eau, les exigences spécifiques de l'exploitation, et le budget disponible. Les systèmes de traitement de l'eau ne représentent pas uniquement un coût supplémentaire, mais aussi un investissement dans la santé et la productivité du cheptel.
La sélection d'une technologie adaptée et son intégration dans le cadre global de gestion de l'eau permettent aux éleveurs de garantir un approvisionnement en eau sûr et fiable, même face aux défis climatiques et économiques croissants.