Les maladies qui peuvent toucher les élevages de bovins sont nombreuses et constituent un risque permanent pour les exploitations, les filières en général et, plus largement, la stabilité économique et sociale du monde. Leur contrôle passe par des dispositifs de surveillance et un zonage dynamique, pour que puissent perdurer les mouvements commerciaux internationaux.
Peste porcine africaine ou grippe aviaire font fréquemment la une de l’actualité et rappellent à la population que de nombreuses maladies peuvent affecter la santé des animaux d’élevage… et compromettre rapidement la sécurité alimentaire. Les maladies animales font d'ailleurs partie des facteurs identifiés de « ralentissement de la croissance de la production des principaux secteurs agricoles de l’UE », dans le rapport de la Commission européenne sur les perspectives agricoles pour 2022-2032, publié le 8 décembre 2022.
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L’Organisation mondiale de la santé estime que les 56 principales zoonoses sont conjointement responsables d’environ 2,5 milliards de cas de maladies humaines et 2,7 millions de décès humains par an. En outre, environ 20 % de la production animale est perdue chaque année en raison de maladies animales, ce qui se traduit par une perte économique annuelle dans le secteur estimée à environ 300 milliards de dollars, ce qui a d’importantes répercussions sur les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde entier.
Pertes économiques et moyens de lutte
Les moyens de surveillance et de lutte contre les épizooties ainsi que leur éventuel encadrement réglementaire dépendent de nombreux facteurs. À commencer par la nature de l’agent pathogène responsable de la maladie : ses hôtes, son mode de transmission, sa virulence…
Relations de voisinage et mouvements commerciaux contribuent de manière complémentaire à la propagation des agents pathogènes – virus, bactéries et parasites – responsables des principales maladies d’élevage que sont la tuberculose bovine, l'IBR (rhinotrachéïte infectieuse bovine), la fièvre Q, la BVD (diarrhée virale des bovins)…
L'état des connaissances scientifiques et les progrès techniques dans les méthodes d'investigation font aussi évoluer les protocoles sanitaires, en fonction du contexte local, des modèles épidémiologiques et des objectifs définis (éradication, assainissement…) Ainsi, le groupement de défense sanitaire (GDS) du Jura, précurseur reconnu dans le domaine de la lutte contre la BVD, a lancé début 2023 une surveillance sérologique de cette maladie sur le lait des élevages laitiers, pour alléger les coûts sans abaisser le niveau de vigilance. Les veaux de multipares issus d'élevages disposant d’un statut sérologique « favorable » au regard des analyses de lait de tank seront qualifiés non IPI sans avoir besoin d’être analysés individuellement.
Dans le domaine de l'IBR, avec l'objectif d'obtenir un statut indemne pour la France en 2027, la réglementation s'est allégée pour les cheptels indemnes depuis au moins trois ans, qui voient le nombre d'analyses à réaliser diminuer, mais se durcit pour les autres. Une victoire pour les tenants de la lutte collective. « Si près de 9 élevages sur 10 ont pu bénéficier d’allégement de prophylaxie en IBR, c’est bien grâce à la reconnaissance du travail collectif effectué », assure Bruno Henry, président du GDS de Haute-Saône.
Le cas particulier des zoonoses
Dans le panorama des maladies du bétail, les zoonoses occupent une place à part, en raison de leur caractère transmissible à l'homme, avec en arrière-plan des enjeux de santé publique. C'est le cas de la tuberculose, maladie infectieuse, contagieuse et chronique due à la bactérie Mycobacterium bovis, étroitement apparentée aux bactéries responsables de la tuberculose humaine et aviaire.
Pour compliquer la donne, cette maladie s’est également développée chez certaines espèces d’animaux sauvages, tels que le sanglier, le cerf et le blaireau, qui constituent des réservoirs potentiels, ou en tout cas des hôtes de liaison. « La tuberculose est réglementée au niveau international, et la France bénéficie depuis décembre 2001 du statut “officiellement indemne de tuberculose”, ce qui facilite les échanges commerciaux », précise Caroline Bouissel, la directrice du GDS de Haute-Saône. Toutefois, la hausse du nombre de foyers de tuberculose a amené la France à renfocer les mesures de lutte contre la maladie.
Dans la même catégorie, la fièvre Q est causée par Coxiella burnetii, une bactérie capable de survivre plusieurs mois sous forme de spores… Elle est vraisemblablement une cause majeure d'avortements et sous-diagnostiquée. Comme elle ne fait pas partie des maladies à déclaration obligatoire, elle ne fait l'objet d'aucune mesure de gestion réglementaire et il n’y a pas d’estimation précise de sa prévalence en France. D'après le GDS France, elle serait présente dans 30 % des élevages bovins et plus de la moitié des troupeaux caprins et ovins. Certains départements français ont déployé des protocoles d'investigation (test PCR) en cas d'avortements répétés.
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Concluons ce petit panorama avec la dernière arrivée, la besnoitiose bovine, due à un parasite microscopique du groupe des coccidies. « Une maladie vectorielle émergente en forte progression en France, qui atteint de nouvelles zones par l'introduction de bovins infectés. ». Après son apparition il y a une dizaine d'années sous forme de foyers disséminés en France, elle s'est diffusée autour pour devenir endémique. La besnoitiose est un exemple de propagation qui conjugue le portage par les mouvements d'animaux infectés et la diffusion locale par les piqûres d'insectes hématophages (taons, stomoxes…) Toutes les races sont concernées, et ce sont surtout les jeunes animaux à partir d'un an qui font les frais de cette maladie. Là encore, la prévention doit s'attacher à réduire le risque au niveau de l'introduction de nouveaux animaux dans le cheptel !
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