Lutte biologique en élevage bovin : « Contre les mouches, je mets un animal, pas un produit »

En élevage bovin laitier, les mouches sont source de nuisances diverses, pour les animaux comme pour les hommes. Pour les réguler, la lutte biologique donne de bons résultats, lorsqu’elle est appliquée selon les préconisations. Exemple au Gaec des Marzelles, à Boussay, en Loire-Atlantique.

Pierre-Luc Pavageau, associé du Gaec des Marzelles

Pierre-Luc Pavageau, associé du Gaec des Marzelles, à Boussay (44) : « Utiliser des solutions de lutte biologique contre les mouches correspond à notre approche globale dans l'exploitation. »

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Prim'holstein, montbéliardes, normandes, charolaises, angus : au Gaec des Marzelles, à Boussay (44), 110 vaches (80 laitières, 30 allaitantes) et leur suite, sont présentes. Le plus souvent possible, elles sont dans les pâtures, mais rentrent en bâtiments lorsque l'herbe n'est plus disponible.

Trois associés, une salariée et un apprenti travaillent dans cette exploitation, qui compte également deux ateliers de volailles de chair. Depuis 2010, toutes les productions suivent le cahier des charges de l'agriculture biologique.

Une régulation indispensable

Les mouches sont nombreuses sur l'exploitation, et sources de nuisances diverses. « Elles sont responsables d'infections sur les yeux des veaux, explique Pierre-Luc Pavageau, l'un des associés du Gaec des Marzelles. Ces maladies sont très contagieuses et, si on ne fait rien, les animaux peuvent perdre la vue. Les mouches génèrent aussi des problèmes à la traite, car elles énervent les animaux et diminuent le confort des trayeurs. Enfin, en se posant au niveau des sphincters des trayons de vaches, elles peuvent véhiculer des bactéries et engendrer des mammites. »

Depuis son installation en élevage bovin, il y a plus de trente ans, Pierre-Luc Pavageau a eu l'occasion de tester différentes solutions contre ces insectes, notamment l'emploi d'insecticides, pulvérisés ou diffusés sur les animaux.

Ces solutions ont particulièrement été employées durant la période de lutte systématique contre le moucheron culicoïde, vecteur de la FCO (fièvre catarrhale ovine). « Nous avons tous utilisé les mêmes molécules, et je pense que nous avons engendré des multirésistances chez les mouches », estime l’éleveur.

Des solutions alternatives disponibles

Depuis quelques années, les associés du Gaec des Marzelles ont souhaité se tourner vers une solution alternative, distribuée et promue par Terrena, leur coopérative : l'emploi de prédateurs naturels des mouches.

« La première année, cela n'a pas vraiment été une réussite », reconnaît Pierre-Luc Pavageau. « Depuis, nous avons progressé et mieux compris les conditions de réussite : commencer tôt, dès le mois de mars, pour ne pas se laisser submerger, et bien respecter le protocole, avec des apports réguliers de prédateurs adaptés ».

Pour bien respecter ce protocole, rien de compliqué : en saison de prolifération des mouches, des livraisons mensuelles de prédateurs adaptés (en boîtes réfrigérées) sont programmées par la coopérative.

Il faut donc juste appliquer les prédateurs dès la livraison (au maximum dans les 24 à 48 heures), dans les endroits les plus humides du bâtiment, les plus propices au développement des mouches : « Sous les abreuvoirs, au niveau de l'aire d'attente de la salle de traite, dans le bâtiment des veaux... Chaque mois, cela nous prend 15 à 20 minutes et, ensuite, on ne fait plus rien, on laisse faire la nature ! Finalement, cela ne nous coûte pas plus cher que des solutions avec insecticides1 ».

« La lutte biologique, c'est cohérent »

L'éleveur rappelle toutefois le complément indispensable de la lutte biologique : l'élimination mécanique des gîtes principaux des mouches avec le curage et nettoyage complet des bâtiments des vaches, conduits en litière accumulée. « En général, on évacue tout au printemps. » Autres moyens mécaniques utilisés en complément : la ventilation et la brumisation en salle de traite.

Ces luttes « non chimiques » et leur combinaison entre elles correspondent bien à la vision globale qu'ont les associés de leur exploitation en agriculture biologique : « Mettre un produit chimique peut être sécurisant. Mais, dans notre pratique, nous cherchons à comprendre et à agir sur les causes, à réduire les déséquilibres, à diminuer la pression sans éradiquer. »

Pour les éleveurs, pas question toutefois de se tourner vers des solutions non scientifiques : « La lutte biologique, c'est cohérent, c'est quelque chose que l'on comprend et que l'on voit. Même si, c'est vrai, quand on nous a parlé de mini-guêpes, on s'attendait à voir des guêpes... En réalité, elles sont toutes petites et très discrètes. »

(1) Autorisées en bio, avec des molécules naturelles (pyrèthres), ou avec des molécules de synthèse en cas d'atteinte au bien-être animal.
Source : Communiqué Bestico