Luzerne et trèfle violet peuvent remplacer le soja

Les essais de la station de Mauron montrent que les génisses charolaises sont aussi bien finies avec une ration composée d’ensilage de maïs et d’enrubanné de luzerne ou de trèfle violet. Photo : Station de Mauron
L’utilisation de légumineuses enrubannées permet de remplacer le tourteau de soja pour la finition des génisses viande. Telle est la conclusion d’un essai mené à la station expérimentale bovine de Mauron, dans le Morbihan. En 2016 et 2017, cette dernière a évalué la faisabilité du remplacement du correcteur azoté par de l’enrubanné de luzerne ou de trèfle violet pour la finition de génisses charolaises.

Trois lots de génisses ont été constitués au poids vif de 645 kg à 29,8 mois d’âge en moyenne.
Le lot "témoin" a reçu une ration à base de maïs ensilage complémentée avec 1 kg brut de tourteau de soja. Du foin était également mis en libre-service dans des râteliers. Le lot a été rationné de manière à obtenir des croissances de 1 000 g/jour en moyenne. La valeur moyenne du maïs ensilage était de 0,97UFL/kg MS, 0,87UFV/kg MS, 44g de PDIN et 69g de PDIE 1 en 2015 et de 0,97 UFL/kg MS, 0,88 UFV/kg MS, 43g de PDIN et 70g de PDIE 1 en 2017.

Le  premier lot "expérimental" était alimenté avec une ration composée de 1/2 d’ensilage de maïs et ½ de luzerne enrubannée. La valeur moyenne de la luzerne était de 0,78UFL, 0,69UFV, 123g de PDIN et 78 g de PDIE en 2015 et de 0,81UFL, 0,73UFV, 137g de PDIN et 80 g de PDIE en 2017.

Le second lot "expérimental" a reçu une ration composée de 1/2 d’ensilage de maïs et ½ de trèfle violet. La valeur moyenne du trèfle était de 0,84UFL, 0,77UFV, 126g de PDIN et 78 g de PDIE en 2015 et de 0,82UFL, 0,76UFV, 120g de PDIN et 77 g de PDIE en 2017.
 

Ration maïs-trèfle : des consommations plus élevées

D’après les observations, les génisses du lot "témoin" ont consommé 10,2 kg de MS par jour, dont 7,6 kg d’ensilage de maïs. Avec une consommation de 11,2 kg de MS par jour, les génisses du lot "ensilage de maïs + luzerne" ont une consommation journalière supérieure de 1 kg de MS. Avec une consommation de 11,7kg de MS par jour, les génisses du lot "ensilage de maïs +trèfle" ont une consommation journalière supérieure de 1,5 kg de MS.
 

Des croissances supérieures

Grâce à un niveau de consommation plus élevé, les croissances des lots "expérimentaux" sont supérieures à celles du lot "témoin". Le GMQ (g/jour) est respectivement de 1075 g/jour et 1090 g/jour pour les lots "ensilage de maïs + luzerne" et "ensilage de maïs +trèfle violet", contre 985 g/jour pour le lot témoin. 
L’indice de consommation est assez similaire pour les trois lots, légèrement amélioré pour le lot "ensilage de maïs + luzerne"
Les génisses des deux lots expérimentaux ont produit des carcasses identiques (poids, conformation et état d’engraissement). L’écart de rendement en carcasse n’est statistiquement pas significatif.
 

Margot Le Gac, chargée d’étude viande bovine à la chambre régionale d'agriculture de Bretagne, souligne : 
"L’étude montre que l’utilisation d’enrubannage de légumineuses (trèfle violet, luzerne) en remplacement du soja est possible dans une ration à base de maïs ensilage et fonctionne techniquement. Elle offre la possibilité de supprimer l’apport de correcteur azoté qui représente près de la moitié du coût alimentaire pour les génisses en finition à l’auge. Mais elle induit une augmentation de 5 à 6 ares de la surface consommée par génisse. Si ces surfaces étaient valorisées en culture de vente à 700 euros de marge brute/hectare, cela entraînerait un surcoût alimentaire de 20 € (luzerne) à 40 € (trèfle violet) par génisse, ce qui correspondrait à 5 et 10 centimes du kilo de carcasse."

Dans cet essai, le coût alimentaire2 (avec mécanisation et pour un prix du soja à 400€/tonne) se situe à 147€ pour le lot témoin (maïs+ soja), 134€ pour le lot "maïs+luzerne" et 146€ pour le lot "maïs +trèfle violet".


(1) UFL : unité fourrages lait ; UFV : unité fourragère viande ; PDIN : protéines digestibles dans l’intestin grêle (PDI) permises par l’azote (N) apporté par l’aliment ; PDIE : protéines digestibles dans l’intestin grêle (PDI) permises par l’énergie (E) apportée par l’aliment.
 
(2) Le coût alimentaire a été déterminé en intégrant le coût de la récolte et de distribution des ensilages et enrubannages.
 



Performances animales et consommations
 
Lot Lot Témoin
Ensilage de maïs+foin
1kg de soja
Lot Expérimental
½ ensilage maïs +1/2 luzerne
Lot Expérimental
½ ensilage maïs +1/2 trèfle violet
Age début (mois) 29,8 29,5 29,6
Poids début (kg) 650,6 643 642,7
Poids carcasse (kg)  et conformation 431,5
U-
427,3
R+/U-
430,8
R+/U-
GMQ (g/jour) 985 1075 1090
Durée essai (j) 130,3 125 127
Bilan des Consommations :      
MS consommée (kg/jour) 10,2, dont 7,6 d’ensilage maïs 11,2, dont 5,7 d’ensilage maïs, 5,48 de luzerne enrubannée 11,7, dont 5,6 d’ensilage de maïs, 6,1 de trèfle violet enrubanné
PDIN&PDIE/UF  g/UF) 91-101 109-94 104-90
Indice de consommation 8,7 8,3 8,8
Autonomie alimentaire Energétique : 85%
Protéique : 58%
Energétique : 100%
Protéique : 100%
Energétique : 100%
Protéique : 100%
Résultats économiques      
Coût alimentaire (€) 147 134 146
Source : Station expérimentale de Mauron
 

 
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