Labels alimentaires : de grandes disparités

 L'abondance est un des cinq fromages AOP pour lequel l'analyse commandée par l'UFC que choisir montre un réel lien au territoire. Deux analyses sur les signes de qualité, labels et démarche alimentaires ont été publiées pour l’une par Greenpeace France, le WWF France et le Basic, pour l’autre par UFC-Que Choisir. Elles font état de grands écarts entre ces différentes démarches tant sur les bienfaits environnementaux que socio-économiques. Photo ALP Photo/Adobe stock

AOP fromagères et Labels Rouges : plus-value variable selon les cahiers des charges
L’UFC-Que Choisir a fait procéder[1] à l’analyse des cahiers des charges de huit appellations d’origine protégée (AOP) fromagères et de quatre filières viandes sous label Rouge.
Cinq des huit fromages étudiés présentent un réel lien au terroir, il s'agit de : l'Abondance, le Camembert de Normandie, le Laguiole, le Picodon et le Salers. En revanche, pour les trois autres – Saint-Nectaire, Cantal et Munster – « les productions d’entrée de gamme se révèlent très peu différentes des productions industrielles sans AOP. En particulier, leurs cahiers des charges autorisent le lait pasteurisé et l’ensilage et manquent d’exigences formelles sur les races de vaches », relève l’association dans un communiqué.
Même constat pour le label Rouge qui, « s’il est mérité pour les filières volailles et bœuf, il ne l’est pas en revanche pour les productions qui se contenteraient des exigences minimalistes définies pour le porc label Rouge, des critères importants tels que la race et l’accès des animaux à l’extérieur étant insuffisamment pris en compte dans les cahiers de charges étudiés », indique l’UFC que choisir.

Le bio tire son épingle du jeu

L'autre étude[2]réalisée par Greenpeace France, le WWF France et le BASIC, visait à évaluer la durabilité de onze démarches alimentaires (labels, certifications, etc.) à l’aide d’une grille d’analyse accessible en ligne. Cette grille comprend sept problématiques environnementales (impacts sur le climat, la biodiversité…) et sept problématiques socio-économiques (conditions de travail, impact sur la santé humaine…).
 
Dans cette étude, « le bio tire son épingle du jeu : Les démarches partageant le socle de l’agriculture biologique (AB, Bio Equitable en France, etc.) obtiennent les bénéfices socio-économiques et environnementaux les plus forts et les plus avérés du fait de leurs impacts positifs notamment sur la santé humaine, la qualité des sols, les ressources en eau, la biodiversité, ou le bien-être animal », indiquent les ONG.
 
En revanche, les ONG estiment que les effets de certifications environnementales tels qu’Agri Confiance, Zéro Résidus de Pesticides ou encore Haute Valeur Environnementale (HVE) sont "faibles et peu avérés. Pour la démarche HVE notamment, si on note un impact positif modéré pour la qualité des sols, on relève en revanche des bénéfices faibles et peu avérés sur les critères de santé humaine et environnementaux (ressources en eau, biodiversité, qualité de l’air, climat …). Les bénéfices ne sont pas démontrables en l’état sur les autres critères socio-économiques (niveau de vie décent, cohésion sociale, etc.) ».
Enfin, l’étude montre de grandes disparités entre les démarches définies par filière.
« Certaines démarches ont un grand nombre d’impacts positifs tant sur les critères environnementaux que socio-économiques. D’autres sont plus en retrait et demandent à être alignés sur les mieux disants. Au regard de l’hétérogénéité des bénéfices des démarches définies filières par filières (Bleu-Blanc-Cœur, label Rouge, AOP, C’est qui le Patron ? etc.), il est alors difficile pour le consommateur de faire un choix raisonné », expliquent les ONG.
 
 
[1] Étude réalisée par l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).
[2] Étude réalisée par Greenpeace France, WWF France et le Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne).