Le bien-être animal, une notion floue pour beaucoup

« Il faut distinguer le bien-être animal et la bientraitance. Les vidéos de L214 mettent en avant des cas de maltraitance. Les éleveurs doivent mieux communiquer », estime Luc Mounier. CP : L.Page/Cniel
Le bien-être animal est depuis quelques mois au cœur de nombreux débats. C’est autour de ce sujet, qui fait souvent polémique, que La Coopération Agricole a organisé le 7 octobre une visioconférence sur le thème « Élevage et consommateurs, je t’aime moi non plus ? ».

La crise sanitaire liée à la Covid-19 a ravivé les débats sur l’élevage, accusé pour certains d’en être à l’origine. Des accusations contre lesquelles s’insurge Bernard Vallat, vétérinaire et directeur de l’organisation mondiale de la santé animale de 2000 à 2015 :

« Aujourd’hui, tous les moyens sont bons pour convaincre les citoyens que le lien ancestral entre l’homme et l’animal doit être remis en cause. »

Bernard Vallat rappelle que 64 % des pathogènes humains sont d’origine animale.

« Cependant, ce sont essentiellement les animaux sauvages qui sont à l’origine des crises sanitaires. Les accusations contre l’élevage sont une stratégie orchestrée – pour des raisons idéologiques – par ceux qui veulent remettre en cause relation homme-animal. Il est aussi primordial de communiquer sur la qualité et sur la sécurité sanitaire de notre alimentation pour dissiper les craintes des consommateurs. »

Antoine Thibault, alias @Agriskippy sur les réseaux sociaux, est éleveur de vaches laitières en Normandie. Il a bien compris l’importance de communiquer. Depuis trois ans, il publie régulièrement sur Twitter et propose des vidéos sur YouTube.

« Sur Twitter, beaucoup de mes abonnés sont des citadins. Il y a une réelle méconnaissance du métier... J’essaie d’expliquer toute la complexité du métier d’éleveur. Plus on est transparent, plus on fait comprendre nos décisions, plus on a l’adhésion des gens. »

Des questions plus fréquentes

« Le réchauffement climatique et la perte de biodiversité sont aujourd’hui au cœur des inquiétudes. La moitié des Français établit un lien entre nos modes de vie actuels et la crise sanitaire que nous vivons, indique Laure Blondel, directrice conseil chez Greenflex. Cela se traduit dans leur façon de consommer. Ils veulent consommer différemment et moins. 27 % des personnes interrogées disent vouloir réduire leur consommation en général. »

L’alimentation est le premier pas vers une consommation responsable : 84 % des Français disent veiller à la qualité de la viande qu’ils achètent, et 59 % déclarent vouloir réduire leur consommation de viande.

Comment cela se traduit dans la consommation ? Gérard Cladière, président du groupe viandes de la Fédération du commerce et de distribution, a apporté des éléments de réponse :

« Les préoccupations sur le bien-être animal arrivent de manière diffuse. La notion reste floue pour les clients. Ces derniers nous questionnent sur l’origine des animaux, sur leur façon d’être élevés... Ce sont des questionnements que nous n’avions pas avant. Le label Rouge et l’agriculture bio sont vus comme mieux-disant en matière de bien-être animal. »

Le prix reste le premier critère d’achat :

« Le client sait qu’il devrait faire mieux, mais il est limité par son porte-monnaie. Il est conscient que ce qu’il exige va impacter le prix de la viande. »

Ne pas confondre bien-être animal et bientraitance

Professeur en bien-être animal à VetAgro Sup et responsable de la chaire bien-être animal, Luc Mounier a rappelé que lorsqu’on parle bien-être animal, il faut prendre en compte un acteur central : les animaux eux-mêmes.

« L’Anses a défini en 2018 la notion de bien-être animal comme étant l’état mental et physique positif de l’animal lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux. Cet état varie en fonction de sa perception de la situation. »

Pour Luc Mounier, il faut distinguer la bientraitance – « les actions mises en œuvre en vue d’assurer le bien-être » – et le bien-être animal :

« La relation homme-animal est la pierre angulaire de ce bien-être. Les éleveurs en sont à la base, mais il faut aussi penser à leur bien-être à eux. C’est le concept du « One Welfare » ou « un seul bien-être », un principe gagnant-gagnant : des vaches qui se sentent bien produisent mieux, sont en meilleure santé et sont plus faciles à manipuler, et l’éleveur, de son côté, va mieux aussi. » « Les animaux sont globalement mieux traités en France que dans le reste du monde. Il faut communiquer sur notre travail. Tout n’est pas parfait, mais il faut faire savoir ce qui est bien fait », estime Luc Mounier.

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