Une biodiversité gratuite mais coûteuse à protéger

L'implantation de haies et l'agroforesterie concourent à la préservation de la biodiversité dans les exploitations agricoles. Photo: Cécile Waligora/Pixel image.
La disparition de certains services écosystémiques rendus par la nature gratuitement, comme la pollinisation, la dépollution, la limitation du ruissellement et bien d’autres, pourrait coûter cher à la société. Pallier à cette disparition demanderait des investissements considérables.
De plus, l’avenir de la biodiversité planétaire ne peut pas reposer uniquement sur la seule capacité des pouvoirs publics à mettre sous cloche certains milieux pour préserver quelques espèces.

C’est de ce constat qu’a émergé l’idée d’une charte régionale de la biodiversité en région Champagne-Ardenne. Elle vise une stratégie de préservation et de valorisation de la biodiversité sur le territoire régional, en collaboration avec tous les acteurs de la biodiversité. Les chambres d’agriculture des Ardennes, de l’Aube, de la Marne et de Haute-Marne ainsi que la chambre d’agriculture régionale font partie des 47 signataires de la charte.

Raymond Joannesse, vice-président délégué au développement durable de la Région Champagne-Ardenne, est satisfait de l’évolution de la démarche:

Sans aucune obligation légale, cette charte régionale de la biodiversité a été élaborée en étroite collaboration entre la Région et les différents acteurs impliqués. Visant à préserver la biodiversité ordinaire autant que la biodiversité extraordinaire, cette charte pourrait devenir une base sérieuse de la construction des schémas régionaux de cohérence écologique.

Source de conflit

Si la biodiversité est l’une des plus grandes richesses de la planète, elle est pourtant peu reconnue comme telle selon l'entomologiste et biologiste américain Edward Osborne Wilson, cité par Franck Dominique Vivien. Si la nature concoure à produire des éléments indispensables à notre bien-être, peu nombreux sont ceux qui sont prêts à payer ce service écosystémique.

Franck Dominique Vivien, maître de conférence en sciences économiques à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, l’explicite:

Au contraire, la valeur économique de la nature est sous-évaluée. Ce qui entraîne le plus souvent une mauvaise gestion pour ne pas dire qu’elle est malmenée. En effet, l’évaluation est toujours source de conflit. Le prix reflète un rapport de force!

Cette vérité économique peut très bien être appliquée au monde agricole. La préservation de la biodiversité coûte avant de rapporter. Benoît Collard, polyculteur éleveur à Somme-Tourbe dans la Marne, en a fait l’expérience:

La gestion de la biodiversité sur mon exploitation est devenue un moyen de production au même titre que les autres. J'ai mis en place deux hectares d’éléments topographiques. L’investissement est de l’ordre de 7 500 euros en prenant en compte la main-d’œuvre qui est un poste important pour ce type d’aménagement. Compte tenu de l’effet de ces aménagements sur les pollinisateurs, je peux espérer une augmentation de production de 10% environ de mes rendements en colza et en tournesol. Si c’est le cas, l’équilibre économique sera atteint sept années après la mise en place de l’aménagement.

Mais l’exploitant agricole n’est pas dupe:

Si ce type d’aménagement participe à préserver voire à améliorer la biodiversité sur mon exploitation, la réflexion et les actions doivent être généralisées à l’ensemble du territoire pour espérer le maximum de bénéfices de la biodiversité sur nos exploitations. C’est ce que nous essayons de réaliser au sein de l’association Symbiose.

Aller plus loin:
Stratégie nationale pour la biodiversité.
Observatoire agricole de la biodiversité.
Agriculture et biodiversité: des synergies à valoriser.

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