Commercialisation, savoir sortir des cadres de référence

Renaud de Kerpoisson-ODA. Photo : DR

Lorsque les prix sont bas, certains producteurs peuvent se permettre de retenir de la marchandise, voire de la reporter sur une nouvelle campagne si les conditions sanitaires du produit le permettent.

 

Cela fait quelques mois que les disponibilités en blé sont importantes en France mais également quelques mois que l’on sait qu’en 2017 les stocks de blé mondiaux devraient fondre. En tous les cas, le marché le croit car les prix sur la prochaine campagne sont significativement plus élevés que ceux de la campagne 2016.

Dans ce contexte, nous avons interrogé la semaine passée nos clients au sujet de cette volonté et de la possibilité de reporter de la marchandise. Ce qu’il ressort de l’enquête, c’est qu’une bonne partie d’entre eux est bien décidée à reporter une bonne partie de cette marchandise, sans prendre de risque sur le prix. Rien qu’en France, nous estimons les volumes de blé que reporteront les agriculteurs à 1.9 Mt au minimum. C’est tout à fait possible car d’une part, la production de maïs a été faible (il y a donc de la place dans des silos) et d’autre part, les prix rémunèrent particulièrement bien le stockage depuis quelques mois.  En ce moment, une quinzaine d'euros sépare les prix de la récolte 2016 de ceux de la récolte 2017 sur les marchés à terme. De plus, si l’on considère les primes sur les marchés portuaires, les producteurs céréaliers gagnent aujourd’hui plus de 7 euros net par tonne en reportant la livraison de leur marchandise.

Quant aux éleveurs fafeurs (frabriquant l'aliment à la ferme), qui ont d’habitude tendance à acheter à la moisson, il devient de plus en plus intéressant pour eux d’acheter l’ancienne récolte sur juin par exemple et de la stocker dès juin plutôt que de prendre livraison de la nouvelle récolte. Les coûts de transport seront du reste bien plus réduits du fait de l’absence de demande pour le transport à cette époque de l’année.

Photo : N. Chemineau/Pixel Image

Tout cela pour dire que les producteurs, en sortant de leurs habitudes, ont une belle opportunité de se battre et de limiter l’impact des prix bas. Les couvertures prises sur les marchés à terme de mai 2016 peuvent être roulées sur septembre 2016. Les producteurs peuvent en outre vider leurs silos, mettre l’ancienne récolte sur une dalle de béton (comme le font souvent les OS à la moisson). Ainsi de la place sera faite pour rentrer, nettoyer et refroidir la récolte 2016.

Les outils financiers peuvent également permettre de livrer le colza à la moisson si les bases sont correctes et reprendre une position à la hausse sur le marché à terme du colza si l’on considère que les graines de colza ont encore un potentiel de hausse. Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que la demande de colza est forte…

Je pense que les agriculteurs français n’ont pas conscience des forces et atouts qu’ils possèdent. Si 10 000 agriculteurs retiennent et se donnent les moyens de retenir juste 100 tonnes de blé, c’est 1 Mt en moins dans le marché pour la fin de campagne. S’ils sont 20 000, c’est 2 Mt et le bilan devient déficitaire ! Retenir de la marchandise, c’est contribuer à ne pas accepter les lois d’un marché, c’est faire en sorte que les prix rapprochés se reprennent car de telles démarches sont bien de nature à provoquer un peu d’inquiétude chez les acheteurs, qui attendent tranquillement une baisse complémentaire des prix.

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