Écophyto 2018 : un dispositif coûteux et inefficace

Le plan Écophyto 2018, qui a alloué 800 millions d’euros en dix ans à la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse, n’a jamais atteint ses objectifs. Photo : bilanol

Selon France Inter, le plan Écophyto 2018, qui a alloué 800 millions d’euros en dix ans à la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse, n’a jamais atteint ses objectifs.

Pour rappel, En 2007, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Environnement, s’était fixé comme objectif de réduire de 50 % l’usage des pesticides en dix ans, à travers un programme de subventions baptisé plan Écophyto 2018. Nicolas Sarkozy, alors président de la République, s’en était félicité devant les représentants des organisations agricoles en conclusion du Grenelle de l’environnement.

Mais ce plan, très coûteux, s’est révélé inefficace, selon l’enquête de France Inter. En effet, le député socialiste de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier a constaté, dès 2014, que ce dispositif avait englouti 361 millions d’euros, sans aucun résultat. Un gouffre financier puisque, malgré cet échec, la Cour des comptes a constaté, en 2019, que non seulement ce plan de réduction des pesticides aura mobilisé 800 millions d’euros entre 2009 et 2021, mais que 400 millions d’euros de fonds publics dépensés chaque année pour les mêmes raisons, se sont rajoutés à cette somme.

Surveillance contre-productive

Un gaspillage qui s’explique en partie par la mise en place de réseaux de surveillance des parcelles tests pour détecter d'éventuelles maladies ou des insectes ravageurs. 9,5 millions d’euros par an ont permis de mobiliser 4 000 observateurs issus de chambres d’agriculture, de coopératives, d’instituts techniques, entre autres, pour surveiller 18 000 parcelles. Résultat ? Au lieu de réduire la consommation de pesticides, ce système d’alerte a parfois au contraire poussé à la consommation, puisque les alertes envoyées aux agriculteurs ont pu les pousser à faire des traitements supplémentaires.

D’autre part, les régions qui ont touché le plus d’argent ne sont pas forcément celles qui ont investi le plus dans cette surveillance, ni celles qui ont le mieux réussi à baisser leur usage des pesticides. Par exemple, la chambre régionale d’Occitanie et ses partenaires ont touché plus d’un million d’euros par an, alors que l’usage des phyto a augmenté de 1 % entre 2013 et 2019 selon le ministère de l’Environnement. La Corse, qui a reçu 200 000 euros par an, a consommé 27 % de pesticides en plus entre 2013 et 2019.

Subventions détournées

L’un des autres postes importants de subventions (13,5 millions d’euros par an, selon France Inter) correspond à l’animation d’un réseau de fermes Dephy. 3 000 exploitants qui s’engagent à réduire leur usage de pesticides et à partager leur expérience. Malheureusement, de nombreux animateurs de ce réseau étaient jeunes et inexpérimentés. « Il y a un renouvellement du personnel massif dans le réseau », selon Bertrand Omon, agronome à la chambre d’agriculture de Normandie.

Et certains bénéficiaires des subventions ont parfois fait mauvais usage de l’argent public. En 2019, la Cour de discipline budgétaire et financière a en effet condamné les responsables de cinq chambres d’agriculture pour avoir financé des syndicats agricoles ou offert des avantages à leurs collaborateurs avec ces fonds.

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