Et si la France devenait le leader mondial du biocontrôle?

La filière du biocontrôle confirme ses ambitions. Crédit : happyculteur/Adobe Stock

30% du chiffre d’affaires du marché de la protection des plantes, c’est ce qu’ambitionne l’association française des entreprises de produits de biocontrôle IBMA France à l’horizon 2030. Le 18 janvier 2022, l’association tenait ses 8es rencontres annuelles. En introduction de cette journée, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a "enfoncé le clou" en souhaitant que la France devienne le leader mondial du biocontrôle. "Comptez sur nous pour porter cette question avec détermination en dehors de nos frontières. Nous avons déjà posé un certain nombre de jalons, comme le déploiement de la stratégie nationale sur le biocontrôle en novembre 2020. Par ailleurs, depuis 2021, un décret codifie les usages dans le droit rural."

Céline Barthet, présidente d’IBMA France, a salué cette ambition en rappelant en effet que la reconnaissance au niveau européen était un prérequis pour le changement d’échelle, et qu’il fallait revoir le cadre réglementaire pour accélérer l’innovation et l’évaluation.

L’association a profité de cette journée pour présenter les résultats d’un sondage réalisé à l’automne 2021 auprès de 350 agriculteurs. "70% des personnes interrogées utilisent des produits de biocontrôle. Parmi ces utilisateurs, 66% sont en agriculture conventionnelle et 79% en agriculture biologique, indique la présidente. Les exploitations de cultures spécialisées ont en effet un temps d’avance sur les exploitations de type polyculture-élevage."

Céline Barthet a tenu aussi à préciser quels étaient les freins mentionnés par les non-utilisateurs, qui, selon elle, sont des axes de progrès en matière de communication, notamment autour du manque de preuve d’efficacité et de l’accompagnement. Autre frein mentionné: le coût, et sur ce point, la présidente tient à expliquer les choses: "L’objection prix n’est pas valable, dans la mesure où, pour la plupart des solutions, ce sont des innovations. L’innovation est toujours plus chère si l’on doit la comparer avec des solutions largement génériquées et installées sur le marché."

Tout au long des tables rondes, les intervenants ont insisté sur le fait que, par les labels et certifications, le biocontrôle pouvait apporter de la valeur. "Même s’il y a des belles histoires à raconter, le consommateur sera toujours plus sensible au fait que la production se fait sans pesticides, plutôt que de lui expliquer la confusion sexuelle dans les vergers", précise la présidente. 

Le spectre du pulvérisateur

Et si, en plus d’être créateur de valeur, le biocontrôle était aussi créateur d’acceptabilité sociale? À cette question, Laurent Rougerie, producteur de pommes dans le Limousin, répond affirmativement: "J’ai dû plusieurs fois m’expliquer avec le voisinage sur nos interventions. Et se mettre à leur place nous oblige à trouver des solutions. Pour le quidam, un pulvérisateur reste un pulvérisateur, sans savoir ce qu’il y a dedans. Mais lorsque l’on se donne la peine d’expliquer que l’on pulvérise des produits de biocontrôle, et qu’ils permettent de limiter l’usage des produits phytosanitaires, alors la partie est gagnée. Le plus on est transparent, le mieux c’est."

Du côté des fournisseurs, le biocontrôle est qualifié "d’aventure humaine et professionnelle" par Christophe Zugaj, directeur de la communication et des affaires publiques pour De Sangosse: "Le biocontrôle, ce n’est pas une rupture dans la protection des plantes, c’est une transition. Si les solutions sont désormais bien démocratisées en cultures spécialisées, leurs usages sont moins évidents en grandes cultures. Mais des nouvelles solutions fongicides arrivent sur le marché et vont renforcer la confiance des distributeurs."

Pour Céline Barthet, les solutions de biocontrôle sont une chance pour communiquer sur la transition agroécologique; elles sont une réponse à de nombreux défis que l’agriculture doit relever. Reste quelques leviers à faire sauter pour accélérer l’innovation et leur disponibilité. La feuille de route est tracée, avec un seul mot d’ordre "communiquer, communiquer, communiquer"!

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