Souvenez-vous, il y a 40 ans, la moitié nord de la France connaissait le printemps le plus sec depuis au moins 100 ans.
De mémoire de Courbouzonnais (Loir-et-Cher) « du 1er février au 14 juillet, il n’est pas tombé une goutte pluie. Du jamais vu ! Au 30 juin, les moissons étaient terminées. Beaucoup ont fait 25 q/ha de moyenne. En 1977, nombreux sont les agriculteurs de la région qui ont pris la décision d’installer l’irrigation, les premiers sprinklers ont fait leur apparition.»
Mais, depuis, 2011 restera aussi probablement dans les annales agricoles.
Revenons à 1976. D’après les relevés météorologiques de Météo France, une première vague de chaleur avec des températures supérieures à 30°C touche les régions de Normandie, Picardie et la région parisienne du 6 au 9 mai 1976. Rebelote du 6 au 15 juin puis du 22 juin au 8 juillet, le thermomètre dépasse les 35°C au nord et au nord-ouest de la France. La situation est assez paradoxale car à l’inverse les régions méditerranéennes connaissent une année fraîche et pluvieuse : à Nice le 26 juillet, la température ne dépasse pas les 17°C.
Un impôt sécheresse
Cette année 1976, la récolte de blé tendre sera de 15,3 millions de tonnes (à titre de comparaison, en 2011 elle atteint les 31 Mt et en 2015, 41 millions de tonnes). Selon l’Agreste, en cette année 1976, les rendements moyens de blé en Picardie sont inférieurs à 45 q/ha. Les comptes de l’agriculture de cette année 1976 mettent en avant une baisse de livraison de productions végétales de 7% et une hausse de celle des bovins de 1,9%, conséquence directe des difficultés d’approvisionnement en fourrage. D’ailleurs, l’armée sera mobilisée pour réquisitionner et transporter le fourrage en provenance du nord de l’Europe. Le gouvernement, sous la présidence de Valery Giscard d'Estaing, décide une aide de 2,2 milliards de francs (330 millions d’euros) pour venir en aide aux agriculteurs et crée l’impôt sécheresse.
Cet impôt consiste à une majoration de 10% de l’impôt sur le revenu pour 2 millions de contribuables. Cette mesure très impopulaire entraînera la démission du Premier Ministre Jacques Chirac qui sera remplacé par Raymond Barre. La sécheresse coûtera à la France 0,5 point de croissance qui s’affichait alors à 7%... Bref une autre époque.
