Le marché absorbera-t-il les conversions ?

Le marché des produits bio devrait atteindre 5 milliards d’euros en 2014, soit une croissance globale estimée à 10%. Du côté de la production, la tendance est à la hausse aussi. Les surfaces en bio représentaient 3,8% de la SAU française fin 2012 pour l’ensemble des filières contre 2% en 2007. Cependant la proportion de grandes cultures en bio n’atteignait que 1,7% des surfaces nationales.

Cette filière est d’ailleurs déficitaire.

En 2013, la part des importations dans les utilisations françaises était de 30% des volumes de céréales, 90% des graines de colza et 45% des tourteaux de soja.

La demande est tirée par la consommation humaine mais aussi par la croissance des aliments du bétail bio avec le développement des cheptels bio. L’alimentation animale représente désormais le premier débouché des grandes cultures biologiques avec 60% des volumes environ.

Le marché semble donc favorable à une nouvelle vague de conversion. De nombreux acteurs de la filière appellent d’ailleurs de leurs vœux un développement afin de réduire les recours à l’importation. Les points de vue convergent pour dire que les transformateurs préfèrent les produits d’origine française et sont prêts à jouer le jeu pour favoriser une production nationale stable.

Dans les faits, les prix sont dans l’ensemble en effet rémunérateurs et stables depuis quelques années. Mais est-ce qu’une nouvelle vague de conversion ne serait pas de nature à bousculer cet équilibre ? Plusieurs OS semblent penser que le marché peut accueillir d’importants volumes supplémentaires sans être déstabilisé durablement. « Bien sûr, nous ne sommes pas à l’abri de quelques à-coups sur certains marchés, en particulier sur les volumes en C2 (production en deuxième année de conversion) mais cela restera ponctuel », précise Gilles Renart, directeur d’Axéréal Bio.

Tous évoquent une filière beaucoup plus structurée qu’au début des années 2000, capable d’anticiper l’arrivée de nouveaux volumes et de mobiliser des moyens logistiques supplémentaires si nécessaire. Les risques ne sont cependant pas nuls et Nicolas Lecat, directeur d’AgriBio Union, invite les producteurs à s’engager dans des filières organisées pour éviter justement toute confusion en période de forte croissance. « Il faut éviter la multiplication des opérateurs et faire un travail commun pour que l’offre reste structurée. À cette condition, la valorisation sera au rendez-vous pour les agriculteurs », précise-t-il.

 

Les OS impliqués dans la filière bio appellent de leurs vœux un développement des surfaces et s’adaptent à l’augmentation des volumes. Ci-dessus construction d’un nouveau site de stockage à Barcelonne-du-Gers (32) par Agribio Union.

 

Au-delà du marché, d’autres indicateurs sont plutôt favorables à la conversion. Le Plan Ambition Bio 2017 s’est fixé comme objectif le doublement des surfaces. Dans cette optique, les aides devraient plutôt être à la hausse. Sur le papier, c’est la tendance mais sur le terrain les questionnements sont encore nombreux. « L’arrivée de nouveaux volumes en grandes cultures bio ne nous effraie pas. Le besoin est bien réel », explique Jean-Marie Pautard, président de la coopérative Bio Bourgogne Cocebi. « Je suis en revanche inquiet des menaces qui pèsent sur les aides au maintien. Il n’est pas sûr que toutes les régions disposent d’un budget suffisant pour à la fois augmenter l’aide à la conversion comme prévu et poursuivre les aides au maintien. »

 

Retrouvez l’intégralité de cette enquête dans le magazine Cultivar de mars