Les solutions de biocontrôle à l’épreuve du champ

La féverole et la bruche. Jean de la Fontaine aurait pu en faire une fable et la morale de cette histoire aurait pu être « Nous faisons cas du beau, nous méprisons l’utile et le beau souvent nous détruit ». C’est un peu toute l’histoire du marché de la féverole qui, en quelques années, a tout perdu de sa splendeur. La faute à un petit coléoptère, la bruche, qui rend impropre à la consommation humaine les graines de féverole.

 

Féveroles : les solutions de biocontrôle à l’épreuve du champ. © H. Sauvage/Pixel Image

 

« À l’heure actuelle, la solution chimique reste le principal levier pour lutter au champ contre la bruche, mais la réglementation n’autorise qu’une seule application à base de lambda-cyhlothrine durant la floraison et son efficacité ne permet pas d’atteindre les seuils nécessaires à l’usage alimentation humaine », explique Agathe Penant, responsable protéagineux chez Terres Inovia. « Les données de l’enquête qualité, menée au niveau national par Terres Inovia et Terres Univia en 2015 auprès des OS, indiquent que 24% des lots collectés contiennent un taux de grains bruchés supérieur à 10% et la tendance pour 2016 semble être identique », poursuit la responsable.

L’espoir de solutions alternatives

En mai dernier, nous évoquions des premières pistes de lutte grâce aux solutions de biocontrôle, notamment celle développée par l’Inra de Versailles qui consiste à utiliser des composés organiques volatils attractifs (COV) pour piéger la bruche

Trace chomatographique des composés organiques volatils (COV) émis par la féverole aux stades feuille, fleur et gousse (Inra Versailles).

Trois agriculteurs de Seine-Maritime se sont portés candidats pour tester en plein champ ce protocole expérimental à raison de 6 à 10 pièges/ha et un relevé de pièges hebdomadaire. Le COV, testé en parcelles, avait pour objectif d’attirer les bruches femelles fécondées à la recherche de gousses de féverole pour y déposer leurs œufs. Les pièges ont donc été installés du 20 mai au 29 juillet. Ces premiers essais de plein champ ont rendu leur verdict et les premiers résultats semblent encourageants quant à la capacité des pièges à capturer un nombre conséquent de bruches femelles jusqu’à 1400 en 1 semaine/piège. « Nous avons pu constater au champ que les dispositifs émettent suffisamment d’odeur pour concurrencer les plantes, même si nous observons une forte variabilité entre parcelles », indique Jean-Philippe Chenault, chef projet Bruche ARAD² [1]-Cerfrance Normandie Maine. Sur l’année 2016 un seul type de COV a été envisagé, mais le dispositif pourrait être complété par un COV qui piège les populations avant fécondation.

D’autres types de méthodes alternatives ont par ailleurs fait l’objet d’expérimentations au champ notamment l’application d’infradoses de sucre (fructose), retenu pour ses capacités à stimuler les défenses des plantes. Les doses d’application testées sont de 50g/ha dans 100 l d’eau à raison d’une application tous les 20 jours en amont des attaques de bruches. Sur les échantillons collectés, la réduction de grains bruchés est de l’ordre de 1,5 à 38,5%.

En 2017, ces travaux seront poursuivis. « Les résultats de 2016 sont encourageants, ils permettent d’entrevoir des solutions qui permettront d’ici quelques années d’envisager plus sereinement la culture de la féverole. Mais de nombreux travaux dont encore nécessaires pour tester, améliorer et combiner les différentes solutions », conclut Jean-Philippe Chenault.

 

 

[1] Arad², Atelier régional d’agronomie et de développement durable. Structure dédiée à l’innovation technique des Cerfrance Normandie Maine. 

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