« N’attendez pas de miracle des marchés »

Récolte 2017 : « N’attendez pas des miracles des marchés ». © Naypong/Fotolia

Si la récolte 2017 a tous les ingrédients pour redonner du baume au cœur en termes de volume et de qualité (difficile de faire pire qu’en 2016), l’inquiétude sur le niveau de prix est bien réelle. « Il va manquer 200 euros de l'hectare aux producteurs, cela ne comblera pas le déficit de 2016 et va même continuer à le creuser », s’inquiétait Michel Portier le 31 août dernier à l’occasion d’une conférence de presse. Ce manque à gagner de 200 euros de l'hectare est estimé par le cabinet Agritel, considérant un seuil de commercialisation moyen à 164 euros/t (sachant que la légère baisse des rendements par rapport à une moyenne olympique renchérit l’indice du seuil de commercialisation moyen national de 6 euros/t) et un prix moyen payé aux producteurs de 135 euros/t.

« Hors norme en Russie »

Le directeur poursuit : « On craignait que les prix ne soient pas exceptionnels, mais on a été surpris par la Russie ». En effet, d’après les premières estimations, la moyenne des rendements russes s’établirait à 30q/ha, c’est le double de la moyenne réalisée entre 2000 et 2015. « Certes on part de bas, mais depuis 3 à 4 campagnes, la Russie passe l’hiver sans difficulté. Le pays diminue les surfaces emblavées en blé de printemps, au profit du blé d’hiver plus productif », justifie le directeur. Les analystes avancent des chiffres dépassant les 80 millions de tonnes de blé pour la Russie en 2017.

Nous avions beaucoup évoqué la sécheresse aux États-Unis et la forte baisse de l’assolement en blé, mais pour le directeur d’Agritel, le disponible américain reste élevé et permet d’atténuer la toute petite récolte du pays de l’oncle Sam.

Autre élément à suivre, la récolte outre-Rhin. Une partie de l’Allemagne, deuxième producteur de blé en Europe, a reçu de 150 à 200 mm d’eau au mois de juillet. « 50% de la production est déclassée en blé fourrager. La production est estimée à 24 millions de tonnes (le plus bas niveau depuis 2002) et les stocks de report sont faibles », estime Michel Portier. Cette situation allemande pourra offrir quelques opportunités pour les exportations françaises, a minima sur la zone intra-communautaire.

Une monnaie défavorable

Autre élément de pression, la parité euro/dollar, largement défavorable aux producteurs français. Le cabinet Agritel estime que si la parité était restée équivalente à sa valeur d’avril 2017, 1,05 (contre 1,20 début septembre), le prix de la tonne de blé serait à ce jour de +20 euros/t sur Euronext.

Côté exportations, la France devrait être en capacité de retrouver les parts de marché perdues en 2016, mais le marché est très concurrentiel tant sur le prix que sur la qualité et « il faudra que la surcote du prix français reste relativement limitée par rapport aux prix russes », poursuit le directeur.

En ce début de campagne, il est trop tôt pour se livrer à des plans sur la comète quant à l’évolution des prix, mais pour Michel Portier, le constat est simple « n’attendez pas des miracles de la part des marchés. Personne n’est capable de dire comment évoluera la parité en fonction des événements politiques du reste du monde. Personne n’est capable de dire si la Russie fera défaut sur le plan de logistique l’hiver prochain pour permettre une remontée des cours. Il faut que chacun pilote avec ses propres données. Les solutions ne viendront pas de l’extérieur », a conclu Michel Portier.

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