Orge d’hiver : une campagne décevante, le PMG mis en cause

Dans les plaines du Centre, du Nord et de l’Île-de-France, les cultures d’orge d’hiver ne semblaient pas affectées par les excès d’eau. Pourtant, après récolte, le verdict est sans appel : les volumes et la qualité décrochent complètement. Pression des adventices, asphyxie racinaire, ramulariose et grillure en fin de cycle : voilà un petit échantillon des causes recensées par Arvalis.

Culture d'Orge en début d'été

« Si, visuellement, les plantes semblaient bien développées, elles affichaient tout de même des statuts azotés qui posaient déjà question », explique Morgane Vidal, ingénieure régionale Île-de-France chez Arvalis.

© Léa Fréhel

« Les rendements d’orge d’hiver de la moisson 2024 sont très décevants et cela s’explique en grande partie par des PMG bien inférieurs à la normale », assure Morgane Vidal, ingénieure régionale Île-de-France chez Arvalis, lors d’un webinaire organisé le 7 août dernier par l’Institut du végétal.

À cette occasion, la spécialiste a présenté un premier bilan de campagne en orge d’hiver pour les régions Nord, Centre et Île-de-de-France.

Orge d’hiver : de meilleurs résultats en sols filtrants

Une première synthèse des suivis de récoltes d’orges d’hiver montre :

  • des baisses de rendement de 10 à 40 % ;
  • un PS moyen assez faible autour de 60 kg/hl ;
  • des taux de protéines dans les normes, en moyenne 10,5 ;
  • calibrage correct entre 70 et 80 %.

À noter : d’une façon générale, les cultures sur sols filtrants ont donné de meilleurs résultats que celles cultivées sur sols hydromorphe considérés à fort potentiel. Malgré tout, les causes de cette baisse de qualité et quantité seraient avant tout multifactorielles.

Ramulariose et grillures, responsable d'une baisse de 30 % du rendement

Pour présenter les éléments explicatifs qui ont influencé la récolte, Morgane Vidal, qui qualifie la moisson de décevante, a détaillé les différentes composantes de rendements :

  1. Le nombre d’épi au m² : les résultats sont moyens à corrects, c’est-à-dire 550 épis en moyenne : « Mais ce chiffre cache de très grandes disparités. Dans certaines parcelles qui ont subi un engorgement continu, on a pu observer des phénomènes de phyto herbicide qui ont drastiquement impacté le nombre d’épis », explique l’ingénieure. De plus, les dates tardives des semis et des densités d’adventices plus élevées que la normale ont elles aussi participé dans certains cas à limiter le nombre d’épis au m² des orges d’hiver.
  2. La fertilité épis : Morgane Vidal qualifie la fertilité de correcte à très mauvaise. « Comment ce phénomène s’explique-t-il ? Il faut savoir que l’excès d’eau durant le tallage affecte le nombre d’épillets par épis. Lors de la montaison, cet excès entraîne également une baisse du nombre d’épillets fertiles », rappelle-t-elle. Enfin, sur une partie du Nord, du Centre et de l’Île-de-France, les températures sont descendues plusieurs jours en dessous 4 °C, le seuil de sensibilité des cultures au stade de méiose pollinique.
  3. La biomasse à floraison : cette biomasse n’a pas été affectée. « Si, visuellement, les plantes semblent bien développées, elles ont tout de même des statuts azotés qui posent déjà question. À la floraison, on observe des indices de nutrition qui passent sous des limites acceptables. C’est-à-dire que le mécanisme de l’assimilation de l’azote est pénalisé par les excès d’eau et surtout le manque d’oxygène », décrit Morgane Vidal.
  4. Le PMG : les suivis de remplissage menés par le réseau Arvalis montrent que le PMG a été affecté de la même manière sur l’ensemble de la zone. « L’excès d’eau est venu complètement perturber l’absorption de l’azote et sa remobilisation de fin de cycle. On observe donc des PMG dégradés en comparaison des moyennes pluriannuelles », explique la spécialiste d’Arvalis.

Ce phénomène s’est cumulé à des pressions adventice et maladie accrues. « Sur la fin de cycle, il a été constaté notamment une forte pression ramulariose et grillures, souligne la spécialiste. Sur certains essais menés en 2024, on a pu observer des écarts de 30 % de rendement qui s’expliquent uniquement par cette pression maladie. »