Qui sera le prochain commissaire européen à l'agriculture ?

Le Parti populaire européen, qui regroupe un ensemble de partis de centre droit et de droite d'inspiration démocrate chrétienne et libérale conservatrice, a déjà déclaré en juillet qu'il voulait le poste de commissaire à l'agriculture. Les jeux ne sont pas encore faits, mais des noms émergent déjà.

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En général, le portefeuille de l'agriculture ne revient pas aux grandes puissances agricoles européennes (la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne).

© Nicolas Economou / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Si le poste de commissaire européen à l'agriculture n'est pas aussi couru que d'autres, plus économiques – ou plus prestigieux –, il n'en reste pas moins que l'agriculture, qui bénéficie d'une large part du budget européen, revêt une importance capitale.

D'autant que la grogne des agriculteurs, un peu partout sur le Vieux Continent au début de cette année, a remis les enjeux agricoles au centre des débats, en particulier dans les partis de centre droit et de droite d'inspiration démocrate chrétienne et libérale conservatrice, regroupés au sein du Parti populaire européen (PPE).

Le PPE, « parti des agriculteurs »

Réélue le 18 juillet dernier à la présidence de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui appartient à cette famille politique, avait d'ailleurs rebaptisé le PPE « parti des agriculteurs » à l'occasion de la campagne pour les élections européennes. Et déclaré que ces enjeux seraient au centre du nouveau mandat qu'elle sollicitait.

L'agriculture a été « négligée »

De même, dès juillet, le PPE revendiquait le poste. À cet égard, Herbert Dorfmann, actuel coordinateur pour l'agriculture de ce parti, déclarait (dans Euractiv) que la Commission avait « négligé l'agriculture », pour se concentrer sur une politique environnementale « sans embarquer les exploitants agricoles ».

Et le PPE a bien l'intention de faire changer les choses.

Des candidats déjà mis en avant

Le processus de nomination des commissaires est en cours, et plus de la moitié des 27 États membres a déjà mis en avant des candidats. Reste à savoir qui sera finalement choisi pour l'agriculture.

La tradition peut déjà donner des indications. En effet, en général, le portefeuille de l'agriculture ne revient pas aux grandes puissances agricoles européennes (la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne), mais plutôt à de plus petits pays, comme l'Autriche, le Danemark ou l'Irlande, si l'on se fie à ce qui s'est passé ces dernières années.

Un Néerlandais ?

Pour certains observateurs, le néerlandais Wopke Hoekstra, membre de l'Appel chrétien-démocrate (affilié au PPE) serait un bon choix pour l'agriculture.

Il s'était vu confié le portefeuille de l'action pour le climat par la présidente Ursula von der Leyen en octobre 2023. De quoi, donc, rassurer les militants en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique.

Et de quoi, aussi, récompenser indirectement le nouveau parti des fermiers (agraire populiste), le BoerBurgerBeweging (BBB), né en 2019 à la suite de la révolte de ces derniers contre un programme national lancé par la coalition néerlandaise en place à l'époque et visant à limiter les émissions d'azote et à réduire les cheptels. Le BBB a en effet rejoint les rangs du PPE en juin dernier.

Mais cette nomination, qui ferait la part belle à plus de production intensive et moins de bio, va à l'encontre de la vision agricole affichée par les grandes puissances agricoles, dont la France.

Un Portugais ou un Grec ?

Certains penchent donc plutôt pour d'autres candidats, issus de pays comme le Portugal ou la Grèce. Le Portugal n'a pas encore choisi de candidat. Certains pensent que Miguel Poiares Maduro, professeur de droit et ancien ministre (du développement régional) serait un bon choix, pour divers postes, dont l'agriculture.

Pour la Grèce, Apostolos Tzitzikostas, vice-président du Comité européen des régions, est également considéré comme un bon candidat, du fait de son expertise en matière de fonds de cohésion, qui s'apparentent aux fonds versés par la Politique agricole commune. Mais apparemment, les Grecs semblent plus intéressés par des portefeuilles économiques ou liés à la défense.

Des candidats surprise

Resteraient ensuite des candidats surprise, tels que le député roumain (démocrates-chrétiens) Siegfried Mureșan, un expert budgétaire, mais la Roumanie a déjà eu le portefeuille de l'agriculture dans le passé (jusqu'en novembre 2014).

Quant à la Pologne, elle aura du mal à présenter un candidat qui ferait l'unanimité, puisque Janusz Wojciechowski, le commissaire à l'agriculture sortant, a été largement critiqué.

L'autrichien Magnus Brunner et l'irlandais Michael McGrath ont tous les deux un parcours économique de poids, de même que le lituanien Gabrielius Landsbergis. Mais ils seraient sans doute plus adéquats à des postes touchant les affaires étrangères que l'agriculture, selon les observateurs.

Enfin, le letton Valdis Dombrovskis, actuel vice-président de la Commission européenne, rechercherait quant à lui un poste d'envergure supérieure à l'agriculture.