Adventices vivaces: viser le point de compensation

Le point de compensation du chardon se situe entre 6 et 8 feuilles. Crédit photo Tema.

Dans la majorité des cas, les racines de chardon descendent à une profondeur comprise entre 30 et 60 cm. Toutefois, certains individus peuvent atteindre 6 mètres de profondeur d’enracinement. Alors qu’un fragment de racine est capable de créer une nouvelle plante jusqu’à 1,8 mètre de profondeur, il est donc indispensable d’appliquer une stratégie de lutte contre les adventices vivaces qui soit bien spécifique. Avant tout, il existe quelques détails à connaître sur les plantes vivaces:

  • la multiplication végétative est leur principal moyen d’expansion et de reproduction ;
  • elle est infinie ;
  • seulement 3 à 5% des plantes vivaces sont issues de la reproduction sexuée.

Chaque plante vivace, comme les plantes annuelles, possède ses propres caractéristiques. Les connaître permet de mettre en place une stratégie de lutte adaptée. Pour le chardon, par exemple, il y a des informations essentielles à avoir en tête:

  • 100% des fragments mesurant plus de 2,5 cm génèrent une nouvelle plante ;
  • en moyenne, une tâche de chardon s’élargit de 1 à 2 m/an ;
  • le point de compensation du chardon se situe entre 6 et 8 feuilles.

Qu’est-ce que le point de compensation chez une plante vivace? Chaque plante vivace à son propre point de compensation:

  • il s’agit du stade de la plante auquel l’énergie de la photosynthèse n’est pas suffisante pour compenser l’énergie qui provient des racines ;
  • c’est le meilleur stade pour lutter contre les vivaces ;
  • au pire, intervenir à cette date permet de stabiliser la situation ;
  • au mieux, cela permet de réduire le nombre de pieds de l’adventice ;
  • pour le rumex, le point de compensation est atteint au stade 3 ou 4 feuilles.

La lutte efficace contre les adventices vivaces se base donc sur des interventions répétées au point de compensation spécifique à chaque espèce. Il existe deux stratégies distinctes:

  • la stratégie d’épuisement vise à générer des fragments de racines d’une longueur inférieure à 2,5 cm et de manière répétée afin de fragiliser et d’épuiser les réserves contenues dans chaque nouveau petit rhizome ;
  • la stratégie d’extraction qui vise, avec un outil à dent équipé d’une barre niveleuse ou de rouleaux à piques, à créer de grands fragments de racines qui sont extirpés et remis en surface. Les aléas climatiques faisant ensuite leur effet pour fragiliser et détruire ces racines. C’est une stratégie peu efficace sur le chardon dont le système racinaire est bien souvent situé très en profondeur.

Quelle approche adopter avec les herbicides chimiques ? La stratégie d’épuisement peut tout à fait être adaptée aux produits phytosanitaires. Dans ce cas précis, le mieux est d’intervenir à la fois au stade de compensation de l’adventice vivace et au stade début floraison afin de mettre toutes les chances de son côté.