Ambroisie : l'éliminer pour protéger les rendements agricoles

Les ambroisies cumulent plusieurs caractéristiques néfastes, mais trois en particulier en font un ennemi redoutable, à la fois pour notre santé et celle de nos cultures. Elles représentent l'archétype de l'adventice envahissant et font peser des risques certains pour les rendements céréaliers. Combattre son implantation devient une priorité pour les agriculteurs. Un suivi particulier et des moyens de lutte montrent toutefois une réelle efficacité.

Les ambroisies cumulent plusieurs caractéristiques néfastes, mais trois en particulier en font un ennemi redoutable, à la fois pour notre santé et celle de nos cultures.

© Ivanna

Parmi ces trois caractéristiques, il y a en premier lieu, sa propagation très importante, pour plusieurs raisons là encore. Déjà parce que chaque plant peut donner jusqu'à 3.000 graines en moyenne. En outre, ces dernières sont capables de germer pendant plus de 10 ans, même en profondeur. Enfin, la production de pollen est considérable, avec en moyenne plusieurs milliards de grains par plante. Se pose aussi le problème de la dispersion, qui dépasse parfois 50 km, dans de conditions de vent favorable.

Ensuite, il y a le risque pour la santé publique. L’ambroisie dérange du fait du fort pouvoir allergisant de son pollen. Les experts estiment qu’à partir de 5 grains par mètres cubes d’air, un individu exposé peut déclencher une réaction allergique. Et les manifestations cliniques ne sont pas anodines ; des cas de rhinites et de conjonctivites étant souvent observés.

Enfin, l’impact sur les grandes cultures est tout aussi problématique. Certaines espèces comme le tournesol ou le maïs se trouvent fragilisées lorsque des ambroisies s’installent sur leurs parcelles.

À la clé, on constate des pertes de rendement diverses, mais parfois très importantes. D’après l’institut Arvalis, elles peuvent atteindre jusqu’à 70 ou 80 % pour le tournesol. Sa présence sur les terres cultivées représente donc un risque majeur qui impose aux agriculteurs de se mobiliser pour l’éliminer dès qu’elle atteint leurs sols.

Un état des lieux préoccupant

Concernant l’implantation des ambroisies, si la région Auvergne-Rhône-Alpes était davantage touchée il y a encore une dizaine d’années, ainsi qu’un vaste quart sud-est, c’est désormais l’ensemble du territoire qui est concerné, à plus ou moins grande échelle. Certaines régions sont encore peu impactées, notamment une large partie du nord de la France ou encore la Corse.
Mais les scientifiques qui travaillent sur le sujet sont formels : la propagation est trop rapide et les modélisations craignent une multiplication par 4 des concentrations de pollens d’ici 2050, due à cette implantation massive. Raison de plus pour activer tous les moyens de défense.

Des stratégies pour lutter efficacement

Le combat préventif donne de bons résultats. Il consiste principalement en l'installation de couverts végétaux, car l’ambroisie se développe mal en concurrence avec d’autres plantes. Cela se vérifie sur les cultures d’hiver, de céréales à paille par exemple, où la plante peine vraiment à se développer lorsque le couvert est en place.

Mais la situation s’inverse une fois la récolte effectuée. La plante disposant soudainement de l’espace et de la lumière nécessaires à son épanouissement. Pour contrer cela, les associations interprofessionnelles conseillent de réaliser un ou deux déchaumages, si possible peu après la récolte. Ensuite, l’implantation d’une culture intermédiaire permet là encore d’empêcher le développement des ambroisies avant la période des semis.

Dans les autres cas, si le travail du sol n’a pas suffi, l’arrachage mécanique des plants d’ambroisie est à mettre en œuvre dès que possible, mais surtout avant la fin juillet, moment où l’espèce va amorcer sa floraison, et répandre ainsi son pollen allergisant. Enfin, sur les zones où cela est possible, l’application d’herbicides reste un moyen de lutte efficaceLes molécules comme le sulcotrione, le bromoxynil ou le thiencarbazone-méthyl sont bien adaptées.