Beau temps pour le commerce céréalier, mais perturbations pour la saison agricole

Les marchés céréaliers semblent renouer avec une conjoncture favorable. Malgré quelques difficultés qui subsistent, notamment sur le fret maritime, les échanges commerciaux reprennent des couleurs. Côté production, les données actuelles promettent une saison convenable sur le sol européen pour le blé, le maïs et l’orge, bien qu’en léger recul par rapport à la campagne précédente. Mais pour la saison actuelle, les conditions météo inquiètent.

Champ de blé au stade tallage inondé suite  à fortes précipi

La campagne actuelle inquiète. Les conditions climatiques compliquent la saison des céréaliers. Le mois de mai a été particulièrement arrosé, et le territoire national présente, pour l’instant, un déficit d’ensoleillement moyen de 20 %. La levée des cultures est ainsi pénalisée. Le potentiel de rendement est ainsi impacté, mais une météo plus favorable permettrait de rattraper le retard.

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Le 12 juin, l’institut FranceAgriMer livrait ses conclusions concernant l’évolution des marchés mondiaux. Les prévisions de rendements céréaliers en Europe, le bilan de la dernière récolte française et la situation actuelle étaient également au programme.

Contexte international

Si des points restent à surveiller, plusieurs indicateurs sont encourageants pour les professionnels. Parmi les zones d’ombre, certains aléas climatiques ont généré des conséquences désastreuses pour la production agricole. C’est le cas au Brésil, touché par des inondations records, mais aussi en Russie, où les cultures de blé ont enduré des gelées tardives et prolongées en mai dernier.

Les perturbations en mer Rouge continuent aussi d’affecter le trafic au niveau des ports. Le volume des échanges commerciaux en transit par le canal de Suez est passé, en quelques mois, de 5,3 Mt par jour à 1,7 Mt…

Des conditions favorables au secteur agricole

Mais ces limites ne peuvent masquer les signaux positifs envoyés au secteur primaire, avec, principalement:

  • des cours céréaliers en hausse globale ces derniers mois1 ;

  • la baisse de l’indice FAO des prix alimentaires ;

  • le ralentissement de l’inflation dans le monde ;

  • la baisse des cours des engrais azotés et phosphatés.

D'après l'Institut, cette combinaison devrait permettre une amélioration durable des échanges commerciaux internationaux sur les marchés des matières premières et des céréales.

(1) Le début du mois de juin fut cependant marqué par un léger retour à la baisse.

Prévisions pour la production en grandes cultures

D’après FranceAgriMer, et les observations menées par les grands instituts à travers le monde, la récolte s'annonce moyenne chez la plupart des pays producteurs de céréales, la faute en partie aux nombreux épisodes de sécheresse.

>>> En Europe…

  • L’institut prévoit une production de blé tendre autour de 120,2 Mt ; un total en baisse de 4,2 % par rapport à l’an passé et de plus de 5 % par rapport à la moyenne quinquennale. En revanche, les stocks ont été réévalués de 1 Mt, à 21,4 Mt.

  • Le maïs connaîtrait de meilleurs résultats, en revanche. La production européenne s’établirait autour de 68,6 Mt, soit une progression de près de 10 %. Des chiffres cependant tout juste dans la moyenne quinquennale, si l’on met de côté la campagne catastrophique d’il y a 2 ans.

  • Concernant les orges, le total à récolter atteindra peut-être les 54 Mt. Une belle progression par rapport à l’an passé (+ 13,5 %), qui était cependant en dessous des moyennes. Cette récolte se rapprocherait ainsi des hauts rendements connus en 2020 et 2021.

>>> Bilan de la campagne française

FranceAgriMer profitait de l’occasion pour rappeler les chiffres clés de la dernière récolte, en grandes cultures, sur le sol national. Une saison globalement satisfaisante, malgré des conditions climatiques souvent difficiles à gérer pour les agriculteurs.

  • La production de blé tendre a atteint 35,06 Mt, représentant un volume en hausse de 4 % par rapport à la récolte précédente.

  • Côté maïs, la France parvenait à récolter 11,9 Mt, soit une progression de 18 % par rapport à l’année passée. Cependant, il s’agissait d’une campagne marquée par un recul certain ; la saison 2021-2022 ayant permis de récolter jusqu’à 14,4 Mt.

  • Les orges marquaient la bonne surprise de la dernière campagne, avec de meilleurs résultats qu'attendus (12,2 Mt). À noter aussi : les exportations pour cette céréale sont en progression, notamment en dehors de l’UE, avec des ventes signées au Mexique et en Chine.

Une saison 2024 perturbée par la météo

La campagne actuelle inquiète cependant. Les conditions climatiques compliquent la saison des céréaliers. Le mois de mai a été particulièrement arrosé, et le territoire national présente, pour l’instant, un déficit d’ensoleillement moyen de 20 %. La levée des cultures est ainsi pénalisée. Le potentiel de rendement est ainsi impacté, mais une météo plus favorable permettrait de rattraper le retard.

Concernant les céréales à paille, l’Institut note une forte hétérogénéité dans les stades de développement selon les bassins de production. Le salissement est important dans certaines exploitations, jusqu’à nécessiter parfois un retournement de culture.

En revanche, dans les zones moins touchées, les pluies importantes ont permis de bien valoriser les apports en engrais azotés.

Enfin, les semis de maïs ont globalement du retard, à cause de ces conditions difficiles. Mais les levées sont homogènes et les experts ne voient pas de facteur limitant significatif pour l’instant.