Un couvert végétal avec un rapport C/N inférieur à 15 participe à la fertilisation de la culture suivante

Tout est question de matrice de lecture. Une matière organique jeune pour un sol est une vieille matière organique pour une plante. © Crédit photo : Pixel6TM

Il est fréquemment conseillé sur le terrain de produire des couverts végétaux avec un potentiel C/N faible et de les détruire avant que leur rapport C/N ne dépasse 20. Fort de ce constat, les équipes de Celesta-lab se sont intéressées à trois types de couverts végétaux différents : un mélange de seigle et de vesce au rapport C/N de 21, un mélange de pois et d’avoine avec un rapport C/N de 16 et un radis fourrager avec un rapport C/N de 9.

Dans les trois cas, la minéralisation du carbone est «explosive» ! 60 à 70 % du carbone est minéralisé et transformé en CO2, ce qui traduit un apport important des couverts végétaux à l’activité biologique du sol. C’est d’ailleurs dans les liaisons carbone-carbone qu’il y a le plus d’énergie pour assurer le fonctionnement biologique du sol où les microorganismes se fournissent en énergie.

La minéralisation de l'azote contenu dans les couverts végétaux est subtile

Pour la minéralisation du carbone, il n’y a donc pas de règle avec le rapport C/N des couverts végétaux. La lecture est plus subtile en ce qui concerne la minéralisation de l’azote. Quoi qu’il en soit, «même avec le rapport C/N le plus faible, la dégradation d’un couvert végétal au sol n’engendre que la minéralisation de 50% de l’azote, restitué au bout d’un an tout au plus», prévient Xavier Salducci, fondateur et président du laboratoire d’analyse Celesta-lab.

Cela étant dit, l’expert tente de hiérarchiser les couverts végétaux selon leur rapport C/N : «Pour un couvert végétal avec un rapport C/N inférieur à 15, l’azote sera majoritairement disponible pour la culture suivante et la dégradation du couvert végétal participe à une forte stimulation de l’activité biologique du sol. Pour un couvert avec un C/N supérieur à 20, il ne faut pas compter sur l’azote restitué pour la culture suivante. Une grande partie de l’azote est immobilisé dans le sol. Il n’est cependant pas perdu, mais sera utile aux cultures à plus long terme. Si la dégradation de ce type de couvert stimule toujours l’activité des microorganismes, elle a tendance à mobiliser l’azote du sol au détriment de la culture si la ressource est limitante. Pour les couverts végétaux avec un rapport C/N compris entre 15 et 20, il est difficile de s’avancer. La très grande partie de l’azote est mobilisée pour les cycles biologiques du sol. Le reste, une toute petite partie, est minéralisée et utile à la culture suivante. »

Il est cependant difficile d’estimer le rapport C/N d’un couvert végétal afin de piloter sa restitution au sol, sauf à demander une analyse en laboratoire. Lorsque la quantité de biomasse augmente, on observe une dilution de l’azote dans la plante, donc une augmentation de son rapport C/N. Rapport qui explose au moment du remplissage des grains, même s’il est rare d’attendre le remplissage des grains pour détruire un couvert végétal.