De l’intérêt économique du blé dur

Des voix s’élèvent pour inciter les agriculteurs à se relancer dans la culture de blé dur. Crédit: Johannes Wilke/Adobe Stock

 

La culture du blé dur est encore en recul en France. Cette saison, d’après Arvalis, les surfaces cultivées ont même atteint une baisse historique de 17% par rapport à la moyenne quinquennale. Heureusement, un bon rendement, estimé à 53,8q/ha, a permis de limiter les dégâts. Aujourd’hui, dans la profession, des voix s’élèvent pour inciter les agriculteurs à se relancer dans cette culture, qui combine un double avantage malgré des difficultés de production plus marquées...

 

Si les céréaliers préfèrent souvent produire du blé tendre, se tourner vers le blé dur, ou même compléter son implantation avec ce dernier, apparaît pourtant comme une stratégie payante. En pluriannuel, il offre clairement un intérêt supérieur au blé tendre. Et ce, malgré une production souvent variable.

Une meilleure rentabilité

L’observatoire Arvalis-Unigrains a mené une longue étude, au sein de 3 départements test, la Vendée, le Loir-et-Cher et la Haute-Garonne, sur près de 15 ans. Un des objectifs était la comparaison des marges brutes entre ces deux catégories de blé. Et les résultats sont sans appel.

 

En moyenne, le blé dur permet de dégager une marge brute supérieure de plus de 200€/ha par rapport à son "cousin". La culture engendre donc davantage de revenus pour les cultivateurs. Ce chiffre a même atteint 440€/ha sur le département vendéen. Ce différentiel de marge peut monter jusqu’à 600 ou 1.000€/ha, lors des saisons les plus fructueuses.

 

D’après Arvalis, il faut cependant prendre en compte le facteur risque et le fait que cette culture demande un plus gros investissement de départ.

 

« D’un point de vue stratégique, comme beaucoup d’éléments sont imprévisibles, il est préférable de semer du blé dur chaque année afin de minimiser et moyenniser les aléas plutôt que d’essayer de «viser» les bonnes années », explique l’institut.

 

Un ancrage industriel gage de sécurité

En outre, la filière blé dur jouit d’une solide implantation dans l’Hexagone. L’industrie de transformation est répartie sur tout le territoire. Elle est essentiellement concentrée entre les mains de 6 sociétés, qui exploitent 6 usines de fabrication de pâtes, 5 semouleries et 4 usines de couscous. Par ailleurs, 3 de ces industriels (Panzani, Lustucru et Alpina Savoie) ont signé un engagement en faveur de leur approvisionnement auprès de céréaliers français.

 

Enfin, la France dispose d’un fort potentiel d’exportation. L’Italie, l’Espagne et les pays du Maghreb constituent les clients principaux, dont la demande globale augmente régulièrement.