Des produits biostimulants à partir de lombricompost

Les vers de terre recyclent les déchets organiques en lombricompost qui sera ensuite filtré pour faire des produits biostimulants. Crédit: Veragrow

En matière de fertilisation, l’homme n’a jamais fait mieux que le ver de terre. Et c’est bien sur lui que trois jeunes entrepreneurs de l’Eure comptent pour contribuer à la transition agroécologique en proposant et en commercialisant des produits biostimulants conçus à partir de lombricompost.

Si un jour, on nous avait dit que le ver de terre serait un start-upeur! C’est en tout cas le pari de Théo Saint-Martin, Alexandre Bocage et Alexandre Foulon, trois jeunes trentenaires qui ont lancé la start-up Veragrow-L’efficience de la nature. La jeune entreprise est localisée à Val-de-Reuil dans le département de l’Eure. L’idée est simple, produire des amendements organiques naturels en transformant des biodéchets en lombricompost. Qu’est-ce qui leur est passé par la tête ? "Pas un seul d’entre nous n’est issu du milieu agricole, et nous nous sommes formés au Cesi, campus d’enseignement supérieur et de formation professionnelle plutôt dédié aux secteurs du bâtiment, travaux publics, informatique, systèmes électriques et électroniques. Mais nous avions tous les trois la volonté d’entreprendre dans un secteur qui nous correspondait. C’est assez naturellement que l’on s’est tourné vers un projet autour de l’économie circulaire au service d’une agriculture durable. Et nous avions tous les trois quand même des notions de jardinage", s’amuse Théo Saint-Martin, membre fondateur de Veragrow.

Industrialiser le lombricompostage

Il faut rappeler que le lombricompost présente de multiples intérêts agronomiques, il permet notamment d’augmenter le ratio C/N et d’enrichir le sol en une grande diversité de micro-organismes. "Le lombricompost va également avoir des effets directs sur les végétaux grâce aux métabolites secondaires favorisant le système racinaire et les préservant des différents stress", précise Maxime Gotté, responsable R&D pour Veragrow. Ensuite, le processus industriel permet d’extraire sous forme liquide le lombricompost qui sera plus tard pulvérisé en application foliaire ou utilisé comme traitement de semences. Simple, oui, mais comment industrialiser la fabrication du lombricompost, la matière première? "Au cours d’expériences diverses et variées, notamment à l’étranger, nous nous sommes rendu compte qu’il n’existait pas en France d’unité de fabrication de lombricompost en flux continu. Ce fut la première étape du projet, la conception et l’élaboration d’un prototype à flux continu", explique Théo Saint-Martin. Ce système mesure jusqu’à 25m de long, et c’est quelque 25 millions de vers de terre (Eisenia fetida) qui font le travail. Ils sont en capacité de traiter jusqu’à 100 tonnes de biodéchets par an. La recette est la suivante, 75% de fumier équin précomposté, provenant d’un centre équestre voisin, 15% de marc de café, et le reste, ce sont des drêches de bières (coproduit de malt) récupérées dans une brasserie, voisine elle aussi. Ces millions d’ouvriers ont à manger en permanence; il faut vérifier que le taux d’humidité est suffisant, et c’est à peu près tout. "On a quand même une bâche de protection, pour éviter que les oiseaux ne viennent se nourrir de nos travailleurs. Ces unités de lombricompostage à flux continu sont destinées à un usage industriel, pour les agro-industries, les stations d’épurations. C’est un système inédit, peu énergivore et qui permet de valoriser en continu une grande quantité de biodéchets", résume Théo Saint-Martin.

Des essais prometteurs

"À travers les produits biostimulants, c’est avant tout l’effet starter qui est recherché au moment du semis ou en application foliaire. La plante capte mieux les nutriments et les métabolismes du produit ont un effet positif sur ses défenses naturelles, explique Maxime Gotté. Dans les essais préliminaires menés avec la coopérative NatUp sur colza en application foliaire, on observe un gain de rendement de 15%; sur maïs en traitement de semences, les essais conduits avec la coopérative Agrial et la chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire montrent un gain à la levée de 6%. Et nous allons faire des essais avec l’ITB pour lutter contre le puceron vert responsable du virus de la jaunisse". En matière de coûts, Maxime Gotté l’estime à environ 35€/ha en application foliaire, sachant que la promesse est aussi une économie sur les engrais minéraux. Concernant le traitement de semences, difficile pour l’heure à évaluer, "tout dépend de la façon dont les agriculteurs et les fournisseurs de semences appliquent le produit. Le coût quintal est susceptible de varier", précise le responsable R&D.

 

Lire la suite dans le numéro de juillet-août de Cultivar 

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