Enracinement du tournesol : 2023 a poussé les plantes dans leurs retranchements

Durant la campagne 2023, le tournesol a pu montrer des symptômes peu communs, principalement en Lorraine. Certains pieds isolés d’abord montraient des signes de flétrissement et de verse, qui ont conduit des parcelles à contre-performer... avec des rendements pouvant descendre à 12 q/ha.

Champ de tournesol

En 2023, certains pieds isolés de tournesol ont montré des signes de flétrissement et de verse. Plusieurs hypothèses sont à l'étude pour expliquer ce phénomène.

© Vitalii/Adobe Stock

Interpellé par le nombre de sollicitations d’agriculteurs identifiant les mêmes symptômes, Terres Inovia a entrepris des investigations. Aurore Baillet, ingénieure développement au sein de l’institut technique, détaille :

« Nous avons constaté que les pieds présentant ces symptômes avaient tous en commun un enracinement anormal. Le système racinaire des plantes concernées était atrophié, voire inexistant. Trivialement, nous pouvions observer des racines "massues". Il s’agissait parfois d’un gonflement au niveau du collet présentant des "boules" aux extrémités, et parfois le signe d’un pivot enflé. Dans tous les cas, les symptômes racinaires faisaient penser à une désorganisation cellulaire. »

Des conditions de semis similaires 

Les premières investigations ont permis de mettre en évidence des points communs entre toutes les situations :

Deux hypothèses à explorer

Une phytotoxicité due aux herbicides a vite été écartée, car les symptômes ont également été décelés dans des parcelles en agriculture biologique. La voie des pathogènes a également été écartée après les retours d’analyse en laboratoire. Deux autres hypothèses ont donc été émises :

  • celle du stress abiotique. Les mauvaises conditions d’implantation cumulées à une problématique de structure du sol engendrent un mauvais développement racinaire dont la conséquence est une modification des voies hormonales se traduisant physiologiquement par les symptômes observés;
  • celle de la carence précoce en bore. Un mauvais enracinement peut entraîner l’incapacité de la plante à prélever la quantité de bore dont elle a besoin. Le bore est présent dans le sol, disponible pour la plante même, mais trop loin des racines pas suffisamment développées.

Il y a de grandes chances pour que l’explication des symptômes observés en 2023 soit une combinaison des deux hypothèses. Un défaut d’enracinement poussé à l’extrême impacte à la fois l’assimilation du bore et crée un dérèglement hormonal conduisant aux symptômes physiologiques décrits par Terres Inovia.