Timac Agro fait de la décarbonation un axe stratégique. L’entreprise s’est fixée des objectifs de réduction de son impact carbone de 10 % d’ici 2030 et 30 % d’ici 2040.
Les efforts en interne se font sur la production des engrais, avec la future mise en place d’une chaudière à bois par exemple, sur son site de Saint-Malo, en remplacement du gaz.
Ils portent également sur l’optimisation de la logistique et du transport : en 2024, l’entreprise a ainsi réceptionné son premier chargement de matières premières transportées par bateau utilisant une propulsion hybride.
Sourcing des matières premières
Le sourcing des matières premières devient primordial. Certaines étant des coproduits d'industries, elles bénéficient notamment d’un bilan carbone plus favorable. « La décarbonation se travaille du sourcing des matières premières, en examinant l’analyse du cycle de vie de chaque matière première, à l’utilisation aux champs, en passant par la production industrielle et le transport », explique Pierre-Yves Tourlière, responsable productions végétales Timac Agro France.
L’amélioration doit se faire à tous les niveaux, mais l’impact le plus fort se situe au champ.
Timac Agro met en avant les possibilités de réduction des émissions aux champs et l’intérêt de ses gammes, filière par filière. « En grandes cultures, en ce qui concerne la fertilisation azotée, 28 % de l’empreinte carbone est liée à l’étape de production des engrais, 2 % au transport et 70 % à l’utilisation au champ » , précise-t-il.
Au champ, les leviers à activer pour la décarbonation sont à la fois d’éviter les pertes d’unités et d’améliorer l’efficience des apports. « Faire mieux avec moins, limiter les pertes aux champs, ou faire plus avec autant, en améliorant le rendement, pour un meilleur bilan carbone à la tonne de biomasse », résume-t-il.
Top 3 des leviers à activer
En productions végétales, les leviers à activer sont notamment :
- le pH agroclimatique
Un des leviers à activer présentés dans la méthode bas carbone - grandes cultures et de passer à un pH supérieur à 6,4 au niveau du sol, voire idéalement de 6,8. « Maintenir le sol à cette valeur de pH entraîne une réduction de l’activité de dénitrification par les bactéries et, par conséquent, une diminution des émissions de N2O de 50 %. Nous avons mené des travaux avec l'Inrae de Dijon sur l’effet spécifique de notre amendement Calcimer piloté dans le temps. Nous avons mesuré une réduction journalière des émissions de N2O par un apport de Calcimer, et ce quel que soit le pH d’origine du sol », indique Pierre-Yves Tourlière.
- la sécurisation du système racinaire
- l’amélioration de l’efficience de la nutrition
La sécurisation de l’apport de phosphore et, surtout, la production d’une rhizosphère dynamique, ainsi qu'un système racinaire puissant permettent une bonne absorption des éléments fertilisants.
« Sur colza, par exemple, on arrive à abaisser le coût carbone de 10 % par quintal par hectare avec un produit comme le Top-Phos. »
Même chose sur couverts végétaux : « Le développement des couverts végétaux permet de stocker temporairement le carbone dans la biomasse, mais aussi sur la durée dans le sol, dans l’humus. Avec un positionnement de fertilisation des couverts avec Top-Phos, il est possible d’améliorer la productivité de biomasse jusqu’à 65 %, selon nos essais réalisés en partenariat avec des coopératives de l’est de la France, et de stocker temporairement jusqu’à 5,6 t de CO2 en plus dans la biomasse. »
La biostimulation physiologique est une autre voie : « En améliorant le fonctionnement de la photosynthèse dans la durée, il est possible d’augmenter la conversion du CO2 en carbone. Le Genaktis, par exemple, permet de sécuriser le rendement, avec en moyenne + 8 % de rendement sur blé, et ce, sans modification de l’itinéraire technique et de la quantité d’azote apportée », précise-t-il.