La situation du colza se complique vis-à-vis des altises d’hiver

Il est loin d’être le coléoptère affichant le niveau de résistance le plus important des ravageurs du colza, mais le charançon des siliques affiche des statistiques en hausses. Photo : Pixel6TM

Des analyses moléculaires sont effectuées tous les ans pour identifier les mutations conférant aux coléoptères une résistance aux pyréthrinoïdes. Ce qui permet aussi d’en voir l’évolution.
Des analyses moléculaires sont effectuées tous les ans pour identifier les mutations conférant aux coléoptères une résistance aux pyréthrinoïdes. Ce qui permet aussi d’en voir l’évolution.

Depuis 2015, 491 populations d’altises d’hiver ont pu être testées par analyse moléculaire en vue d’identifier des mutations conférant de la résistance aux pyréthrinoïdes. Céline Robert, chargée d’études ravageurs des cultures et faune auxiliaire au sein de Terres Inovia, dénombre cinq mutations identifiées : 94 % des populations portent la mutation KDR, 25 % la mutation SKDR (toujours associée à la mutation P909S), 13 % la mutation L9251 et 7 % la T929N. Seulement 5 des 491 populations identifiées depuis 2015 ne portent aucune mutation.

Le cluster du Centre-Est pour les altises d’hiver

La SKDR qui engendre la plus grosse résistance est surtout très présente dans « le cluster du Centre-Est », comme l’appelle Laurent Ruck, responsable national de l’évaluation des insecticides et du biocontrôle des ravageurs au sein de Terres Inovia. C’est-à-dire dans l’Yonne, en Côte-d’Or, dans l’Aube, la Haute-Marne et la Nièvre. On considère que dans ces cinq départements, elle est généralisée. Mais les premières altises présentant cette mutation ont été identifiées dans vingt autres départements, même si sa prépondérance est nettement moindre.

Pour estimer le niveau d’efficacité au champ, Céline Robert met en avant le rapport de résistance. Cet indicateur consiste à comparer la DL50 des populations les moins résistantes avec celle des populations les plus résistantes. La DL50 est la dose létale causant la mort de 50 % d'une population. « Nous considérons une perte d’efficacité effective au champ dès lors que ce rapport atteint 10, note la chargée d’étude. Il atteint 93,2 pour les altises d’hiver. En ne considérant pas les populations SKDR, il chute à 3,9… »

Pour les charançons du bourgeon terminal, le rapport de résistance est moins extrême. Sur 51 populations testées, il affiche une valeur de 8,5. Sur cette espèce, trois mutations ont été mises en évidence : KDR, L9251, T929N. La mutation SKDR n’a jamais été détectée. Pour le charançon du bourgeon terminal, une résistance métabolique est très fortement suspectée mais pas encore totalement identifiée.

De l’espoir, mais surtout de la patience pour de futurs modes d’action insecticides

Si les chiffres affichés ci-dessus sont bien au-delà de ce que peuvent connaître nos voisins européens sur altises d’hiver, il y a bien un rapport de résistance où la France est en dessous… Celui pour les populations de charançons des siliques. En France, il est à 5,7, alors qu’il est nettement plus élevé et dépasse 50 en Allemagne. Pour les deux ingénieurs de Terres Inovia, ce chiffre élevé incite à la plus grande prudence et à intensifier le monitoring sur ce charançon, les pyréthrinoïdes étant la seule solution.

Or, il est encore trop tôt pour se réjouir de nouvelles solutions de contrôle d’après Laurent Ruck : « Nous ne pouvons pas affirmer grand-chose pour le moment. Cependant, parmi neuf nouveaux modes d’action testés en végétation ou en traitement de semences, un à deux semblent intéressants. Reste à poursuivre le travail avec les entreprises concernées. » En parallèle, de nombreuses solutions de biocontrôle ont également été évaluées par Terres Inovia.

Tout miser sur les insecticides est désormais illusoire. Dans les années à venir, seule la mobilisation de l’ensemble des leviers de gestion disponibles, préventifs et curatifs, permettra de lutter durablement contre les ravageurs du colza.

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