Le catalogue des semences pour l'agriculture biologique s’étoffe

Si les dérogations existent toujours, les producteurs y ont de moins en moins recours, preuve que la disponibilité de semences pour le marché de l’agriculture biologique s’étoffe. Crédit- Jürgen Fälchle/Adobe Stock.jpg

Le cahier des charges AB exige le recours à des semences et plants multipliés en AB. Jusqu’à présent la disponibilité des semences relevait du défi.

La disponibilité des variétés en agriculture biologique n’est plus un challenge. Certaines espèces restent encore confidentielles, mais les efforts entrepris par les professionnels commencent à porter leur fruit. Le catalogue officiel s’étoffe de nouvelles variétés, les dérogations ne sont plus légion. En effet, jusqu’alors, les agriculteurs avaient recours à des dérogations pour pouvoir cultiver certaines espèces, alors qu’elles n’étaient pas sélectionnées et multipliées selon le cahier des charges de l’agriculture biologique. "Ainsi, le règlement bio révisé en janvier 2022 exige qu’il n’y ait plus de dérogations en 2036. Nous pensons que dans un laps de temps plus court, 95% des espèces seront disponibles sans dérogation", explique Michel Straebler, directeur animation filières pour Semae. Il illustre son optimisme par des éléments factuels: "En 2021, seulement 12 dérogations ont été demandées pour des variétés de blé tendre, contre 322 en 2019." Par ailleurs, les entreprises semencières ne font pas l’impasse sur ce marché, l’interprofession estime qu’environ 60% des entreprises semencières proposent à leur catalogue une offre de variétés bio. Et si l’on regarde du côté des surfaces développées en production de semences, "elles ont progressé d’environ 28% en quelques années, passant de 10.900 ha en 2018 à 22.500 ha en 2021, toutes espèces confondues", explique Michel Straebler.

Ce sont évidemment sur les céréales à paille et notamment le blé tendre que les efforts ont été les plus notables, et en maïs, l’offre variétale est aussi significative: "Les efforts en matière de sélection se focalisent sur des espèces à fort intérêt commercial et, sur le plan technique, certaines espèces sont aussi plus faciles que d’autres pour être adaptées à une conduite en agriculture biologique. Je pense au maïs, qui a peu de ravageurs, et c’est une plante qui peut être binée aussi. S’agissant de la betterave, c’est plus complexe", précise le responsable.

Pouvoir couvrant et carie du blé

Il faut savoir que, du côté producteur, on recherche les mêmes caractéristiques que pour les variétés conventionnelles avec quelques spécificités. "En blé par exemple, l’agriculteur veut des variétés productives. Autrement dit, il veut du rendement, quel que soit le mode de production. Et c’est sur ce premier critère que les variétés sont d’abord évaluées pour les inscriptions. Mais quelques particularités sont quand même à souligner. La gestion des mauvaises herbes est une vraie difficulté technique pour la production en agriculture biologique. Les efforts de sélection se sont donc concentrés sur le pouvoir couvrant des variétés de céréales à paille, c’est-à-dire des variétés qui présentent une bonne hauteur de paille", détaille Michel Straebler. Les résistances aux maladies sont aussi des atouts variétaux attendus par les producteurs et, sur blé tendre en agriculture biologique, c’est notamment la carie du blé.

Ensuite, les transformateurs ont eux aussi des demandes très spécifiques pour ce marché du bio. "Tout l’enjeu consiste à avoir une offre qui soit la plus exhaustive possible, mais sans nécessairement que ce soit des gros volumes, car on reste sur des marchés de niche (couleur de la farine, qualité de la protéine…); ce sont bien les transformateurs qui tirent le marché, donc il faut aussi que les variétés correspondent à leurs attentes", précise le responsable.

Lever les verrous à l’inscription

Au-delà des freins d’ordre technique et économique à l’inscription de ces variétés, l’autre difficulté venait aussi du manque de réseau d’évaluation variétale en AB pour identifier les variétés adaptées. "Mais grâce à la coordination des différents acteurs, les sites d’expérimentation spécifiques en AB ont essaimé, et ce n’est plus vraiment un frein pour les évaluations et les inscriptions", précise Marie-Hélène Bernicot, référente à la Commission intersection du CTPS dédiée à l’agriculture biologique.

Ajoutons pour finir que la réglementation a évolué. "En effet, depuis le 1er janvier 2022, le règlement relatif à la production biologique autorise la commercialisation d’un nouveau type de matériel de reproduction végétal, le matériel hétérogène biologique, explique Marie-Hélène Bernicot. Et de préciser : Ce n’est pas une variété, il n’y a pas d’inscription officielle. La seule information disponible est celle donnée pour le fournisseur de semences ou de plants. Mais elle se caractérise par une grande diversité génétique et potentiellement comme un matériel susceptible d’être adapté à des contextes pédoclimatiques très locaux." Cet assouplissement de la réglementation est une bonne façon d’enrichir l’offre disponible, mais aussi d’alimenter la recherche et développement de phénotypes et génotypes qui apporteront de la diversité quels que soient les systèmes de culture.

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