
On reproche parfois aux produits de bioncontrôle, une efficacité limitée par rapport à leurs équivalents conventionnels disponibles sur le marché. Mais ce n’est pas le cas du phosphate ferrique. D’origine minérale et naturellement présent dans les sols, il est reconnu pour avoir des propriétés létales sur les mollusques (limaces et escargots). Il est inscrit à la liste des produits reconnus comme solutions de biocontrôle réglementaires. Et pour enfoncer le clou sur la preuve de son efficacité, le phosphate ferrique a été retenu dans le cadre du contrat de solutions, au motif que la substitution des anti-limaces conventionnels par des appâts de biocontrôle à base de phosphate ferrique est possible.
À l’initiative de la FNSEA, une trentaine d’organisations professionnelles agricoles ont lancé « le contrat de solution » pour économiser l’usage des produits phytosanitaires. 250 pistes de solutions ont d’ores et déjà été identifiées dans huit thématiques, parmi lesquelles figurent les produits de biocontrôle. Le phosphate ferrique agit sur le métabolisme du calcium et, de fait, il perturbe la contraction musculaire et l’influx nerveux du gastéropode (avec ou sans coquille) qui aurait la bonne idée de l’ingérer. Mais comme le souligne Pierre Taupin, spécialiste ravageurs chez Arvalis : « à lui seul, le phosphate ferrique n’est pas suffisant pour être efficace, il doit être formulé et incorporé à des appâts pour être efficacement consommé par la limace. » Ces solutions à base de phosphate ferrique sont aujourd’hui utilisées sur un peu moins de 300 000 ha, environ 11 % de la SAU totale annuelle déployée en anti-limaces, principalement colza, céréales, maïs et tournesol. Dans le cadre du contrat de solutions, un objectif de 30 % des surfaces protégées contre les limaces avec du phosphate ferrique devrait être atteignable à échéance 2020-2021.
Un appât de qualité
Cette efficacité est, en effet, soulignée par l’expert ravageur d’Arvalis « Un seul granulé d’Ironmax pro suffit à tuer plusieurs limaces et après 3 jours d’application, on constate une mobilité plus faible des limaces. » Cette solution Ironmax pro de De Sangosse est homologuée sur toutes les cultures à la dose de 7 kg/ha avant, pendant, et après le semis. « Ce qui lui confère une grande souplesse d’utilisation. Par ailleurs, nous accompagnons les agriculteurs avec le programme Ciblage qui permet de moduler les doses en fonction du niveau de pression. Dans le cadre d’une enquête de terrain, 80 % des utilisateurs de notre solution assurent n’avoir fait qu’un seul passage sur leurs parcelles pour le contrôle des limaces », détaille le responsable. Des essais réalisés par Arvalis à l’automne 2017 et au printemps 2018 viennent en effet confirmer son excellente efficacité. « En tendance, Ironmax Pro présente une efficacité équivalente à celle des solutions à base de méthaldéhyde. D’autre part, on observe, que 3 jours après son application, seulement 40 % des granulés sont consommés pour un niveau de mortalité équivalent », détaille Pierre Taupin.
Privilégier l’alternance des modes d’action
Mais qui dit produit de biocontrôle ne dit pas de faire n’importe quoi. L’efficience de telles solutions repose sur une démarche qui consiste avant tout à évaluer le risque, à adapter la dose et à avoir recours aux bonnes pratiques agricoles. Certes, le phosphate ferrique peut être envisagé comme une véritable solution de remplacement au métaldéhyde, il est aussi utilisable en agriculture biologique. Mais, même s’il apporte satisfaction, il est important pour la profession de ne pas s’affranchir des autres solutions. « Notre devoir est de ne pas nous focaliser sur une seule matière active, le switch total d’une matière active pour une autre est un risque pour la durabilité de l’ensemble des solutions aujourd’hui disponibles », conclut Pierre Olçomendy.