Les dates de récolte difficiles à prévoir dans la moitié nord de la France

Les dates de semis tardives, les levées hétérogènes et les à-coups climatiques rendent difficiles les estimations de date de récolte pour le tournesol en 2023. Crédit: Studio Romantic/Adobe Stock

Choisir une variété pour ses caractéristiques techniques ne doit pas occulter les conditions de culture et le climat, prioritaires dans ce choix. C’est encore plus vrai cette année, avec une météo perturbée sur la partie nord de l’Hexagone.

Sur la moitié nord et à l’est de la France, les conditions particulièrement humides ont perturbé les préparations de sol et retardé les chantiers de semis. Une majorité de parcelles ont été semées entre le 20 avril et le 15 mai, en dehors de la période recommandée. Les implantations sont parfois faites sur des sols à peine ressuyés et/ou avec un état structural insatisfaisant. Les conséquences sont un défaut de peuplement, des levées hétérogènes et des resemis tardifs, ce qui occasionne des craintes pour la récolte. Les gros capitules sont plus longs à mûrir, et la maturité est très hétérogène.

Pour ne rien arranger, cette levée lente est favorable à la prédation des ravageurs: de nombreux dégâts d’oiseaux et de limaces, mais également de ravageurs souterrains ont été constatés. Ces ravageurs aggravent la situation en cas de sursemis, de retournement puis resemis. Les levées tardives, les parcelles hétérogènes et/ou de faible peuplement y sont aussi très sensibles. Rappelons que la réussite du tournesol passe par une levée rapide, d’une façon générale. Et au mois d’avril dans la moitié nord de la France, alors que le climat restait frais, les graines ont mis 15 à 20 jours à lever.

Fort heureusement, les conditions à partir de mai-juin ont été nettement plus favorables, un certain rattrapage a pu être observé. Le mois de juillet, plutôt humide avec des températures en dessous des normales saisonnières, était plutôt favorable au rendement. La surface foliaire et le remplissage ont été maintenus. Le mois d’août ensuite, puis le début de septembre ont offert des épisodes caniculaires qui ont donné une deuxième accélération. Ces soubresauts météorologiques rendent plus difficile la prévision d’une date de récolte.

La précocité devait être adaptée au semis tardif

Pour les variétés très précoces semées jusqu’au 5-10 mai, la récolte devrait se faire à des dates optimales. À partir de la mi-mai, les conditions météo de l’arrière-saison seront déterminantes dans les zones septentrionales. Il en va de même pour les variétés précoces, mais la possibilité de récolter est questionnée sur la bordure maritime, sur une ligne Bretagne-Normandie-Pas-de-Calais.

Pour les variétés mi-précoces, les semis à partir de la mi-mai peuvent poser problème sur la zone centre de la France. Là encore, les conditions climatiques de l’arrière-saison seront déterminantes pour la récolte. Cette précocité n’est pas adaptée pour la moitié nord de la France. Et comme on peut s’y attendre, les risques de non-récolte en graines sont importants sur les variétés les plus tardives: les prévisions tablent sur des dates autour du 19/11 pour toute la partie au nord de la Loire.

En conséquence, la variété choisie doit répondre aux exigences de performance, de régularité et assurer une protection sanitaire de base. Mais il faut également adapter la précocité de la variété en fonction de la date de semis prévisionnelle (ressuyage, réchauffement du sol), de la situation de la parcelle et de sa zone géographique. Pour y parvenir, l’important est de ne pas retarder le cycle du tournesol. En limitant à la fois le stress hydrique à la floraison et le développement des maladies, les agriculteurs peuvent s’assurer de bonnes conditions de récolte et pourront éviter par la même occasion des frais de séchage.