La préoccupation concernant les limaces a augmenté ces dernières semaines, en corrélation avec les cumuls de précipitations subis sur le territoire français. Pour l'heure, les cultures de printemps, comme le maïs, le tournesol ou la betterave, sont concernées par cette problématique, avec des professionnels inquiets.
Mais pour De Sangosse, principal fournisseur de traitements dédiés à ce risque, l'approvisionnement en produits de lutte est resté satisfait. Pierre Olçomendy, chef marché anti-limaces chez l'industriel, tient à rassurer les agriculteurs.
« Il n'y a pas d'alerte particulière nous concernant. C'est vrai qu'il y a eu une recrudescence presque historique de la demande ces derniers temps, mais nous avons réussi à alimenter le marché. Notre organisation nous avantage de ce côté-là, car nous sommes une entreprise française, avec des usines basées en France, qui ne dépendent pas de partenaires étrangers », explique-t-il.
Il n'en reste pas moins vrai que le marché est davantage en flux tendu, avec des distributeurs qui n'ont presque pas de stocks. Pour l'heure, les regards se tournent vers d'autres cultures, comme le colza, qui vont nécessiter une attention particulière.
Des cultures à surveiller jusqu'à l'automne
« On se tourne déjà vers la campagne des colzas, dont l'implantation va débuter d'ici peu », précise le chef de produit. Là encore, les conditions météo ont favorisé le cycle de reproduction de ces mollusques et on s'attend à une pression assez forte en grandes cultures. « Les semis de colza sont effectivement à haut risque cette saison », confirme-t-il.
Et contrairement à certaines années durant lesquelles la menace était parfois plus localisée selon les régions, pour 2024, cette problématique est nationale. Les analyses du sol montrent même qu'une large partie de l'Europe occidentale est concernée.
Les cultures implantées après l'été seront également à surveiller de près. Pour l'instant, les conditions sont réunies pour générer une importante population de limaces sur une majorité de parcelles cultivées. En revanche, la situation peut évoluer concernant les cultures d'automne. Des mois d'août et septembre très chauds et secs pourraient suffire à régler le problème.
Piégeage et préparation du sol en amont : un effort indispensable
Pour Pierre Olçomendy, le principal écueil à éviter est le manque de préparation de la part des agriculteurs. « Nos retours d'informations nous apprennent que plus des deux tiers des professionnels traitent contre les limaces à la vue des premiers dégâts », déclare-t-il.
Mais il est alors bien trop tard et l'efficacité des traitements s'en trouve même limitée en cas de forte pression. L'expert met en avant le travail d'information et de formation déployé à l'égard des dirigeants d'exploitations agricoles. Des démarches à réaliser suivant plusieurs étapes, pour permettre un contrôle efficace et pérenne de la menace constituée par les gastéropodes.
« On préconise de réaliser un piégeage, au moins 15 jours à 3 semaines avant la date prévue des semis, explique-t-il. Car cela va permettre d'évaluer le niveau de population des nuisibles avant le semis et ainsi réserver du temps pour mettre en place des méthodes de contrôle alternatives, avec un travail du sol qui va alors porter ses fruits. »
En clair, cette opération va perturber le milieu de vie des limaces, éliminer les jeunes individus et les œufs avant qu'ils puissent poser problème. Un déchaumage peut déjà suffire. L'expert précise qu'il serait encore temps de réaliser ce travail 10 à 15 jours avant de semer le colza, qui est très sensible à l'action des mollusques.
De Sangosse propose un autre moyen de lutte. L'action de Limacapt, système qui permet, avec l'implantation de capteurs dans le sol, de détecter la présence de limaces et leur proportion, ceci permettant ensuite d'adapter sa stratégie.
Combiner cette action avec celle d'un travail du sol adéquat, mené en amont et renouvelé si nécessaire, doit entraîner une diminution efficace du risque. À noter que ce travail de prévention permettra aussi de limiter les traitements anti-limaces curatifs, avec des économies à la clé, sans compter une meilleure évaluation du futur rendement.