Maïs : réduire l’interrang pour gagner en rendement

La réduction de l’interrang en maïs grain répond à plusieurs objectifs, au premier desquels un potentiel déplafonnement du rendement. S’il semble avéré moyennant quelques points de vigilance, il ne faut pas omettre les autres points techniques comme la gestion du salissement de la parcelle et la pression sanitaire sur la culture.

Choisir un interrang différent pour le maïs

Un interrang réduit induit une modification du comportement des plants de maïs avec une orientation des feuilles différente se traduisant par l’interception de plus de lumière.

« Les agriculteurs semant à 37,5 ou 40 cm d’interrang leur maïs sont très rares en France, note d’emblée Loïc Souchaud, inspecteur commercial Väderstad. Cela émerge beaucoup plus vite outre-Atlantique où l’objectif de la technique est de lutter contre l’enherbement des parcelles tout en réduisant le recours aux produits phytosanitaires. » Pour lui, la première explication de cet essor aux États-Unis réside dans la spécialisation des exploitations.

« En diminuant aussi drastiquement la distance entre rangs, le prix au mètre du matériel augmente fortement. Passer d’un semoir de 8 rangs à 75 cm à un 16 rangs à 40 cm augmente le prix d’achat de 170 %. Il faut donc être en mesure de diluer cet investissement supplémentaire sur un maximum de cultures et de surfaces pour envisager une rentabilité. »

Quoi qu’il en soit, Aude Carrera, ingénieure au sein d’Arvalis, informe « qu’à densité de semis identique, la réduction de l’interrang implique un gain de rendement significatif en densités élevées ».

Une augmentation de rendement avérée pour les hautes densités

Les explications de cette augmentation de rendement peuvent être nombreuses à commencer par une meilleure exploration racinaire facile à comprendre, à condition d’être dans un contexte pédoclimatique non limitant. L’ingénieure Arvalis met aussi en avant une influence de la captation de lumière via une meilleure distribution dans le feuillage qui induirait une meilleure activité photosynthétique des plantes.

« Les essais menés ont permis de mettre en évidence une adaptation des plantes à leur environnement avec une orientation et une inclinaison différentes des feuilles entre des écartements larges et réduits. Aussi le type d’hybrides valorisant le mieux ces écartement réduits sont ceux affichant un port de feuilles dressé à semi-dressé, permettant une distribution de la lumière en profondeur dans les différentes strates de la canopée. Cela tombe d’autant mieux que c’est ce vers quoi ce sont orientés les sélectionneurs. »

Si seule la réduction de l’écartement a été évoqué jusqu’à là dans cet article, il faut également introduire l’augmentation de la densité de semis. Pour Aude Carrera, « le cumul des deux est très favorable à l’augmentation des performances du maïs ! Avec un gain de rendement allant de 10 à 20 % si les conditions sont non limitantes ! »

La variété cruciale pour des gains subtantiels

Rémy Merceron, chef produit maïs pour KWS, se montre un peu plus prudent sur la réponse systématique de la culture à la diminution de l’écartement entre rangs. S’il confirme qu’il y a une réponse le plus souvent positive du maïs à un écartement inférieur à 50 cm, il note une vraie différence entre variétés.

Pour les variétés les plus précoces dont le rendement est d’abord dicté par le nombre de pieds par mètre carré, évidemment qu’une augmentation de la densité de semis et une meilleure répartition des pieds engendrent un gain de rendement. Pour le chef produit, il est aussi important de différencier les variétés à haut et à bas potentiel. Enfin, il précise que certaines variétés, comme précédemment Aude Carrera, ont la capacité de modifier leur comportement et l’orientation de leurs feuilles. Ce qui implique de tester chacune des variétés pour identifier si leur comportement se prête à une réduction l’interrang et une augmentation de leur densité. L’objectif étant d’identifier celles qui ont le profil le plus propice à ce genre de technique. Et de les référencer comme telles dans le catalogue du semencier et les fiches techniques qui accompagnent chaque variété. Pour que l’agriculteur ne soit pas déçu d’une technique simplement car le choix de la variété n’est pas le bon.