Méthanisation et biodiversité peuvent cohabiter

Plusieurs projets autour de la méthanisation sont en cours pour étudier l’impact du digestat sur la vie du sol et l’intérêt des cultures énergétiques sur les déplacements d’animaux. Crédit: Frank/Adobe Stock

"La biodiversité est un mot-valise. C’est le capital naturel sur lequel repose notre responsabilité. La méthanisation et ses pratiques n’échappent pas à cette règle." Ces mots, prononcés par Vincent Jean-Baptiste, responsable des affaires agricoles de GRDF, introduisent le webinaire intitulé "Biodiversité et méthanisation" organisé par GRDF. Au cours de cet événement, plusieurs projets ont été présentés: Métha-BioSol, FertiDig et Méthafaune. Tous ont en commun d’étudier l’impact de la méthanisation d’un point de vue agronomique (avec l’apport de digestat, l’introduction de Cive, etc.) sur la biologie du sol, la fertilité du sol ou la faune cynégétique.

Les effets du digestat à l’étude

Le projet Métha-BioSol consiste à étudier l’impact de la méthanisation sur le sol en tant qu’habitat d’êtres vivants. "Dans un gramme de sol, il y a un milliard de bactéries et un million de champignons qui ont un rôle central dans les fonctions du sol. C’est l’endroit le plus diversifié de la planète", précise Daniela-Alejandra Mora-Salguero de l’Inrae de Dijon. Elle rappelle que ces micro-organismes sont responsables notamment de la fonction biologique du sol, de la minéralisation de la matière organique (MO), de la structure et de la stabilité du sol, etc.

Certains facteurs comme la rotation, l’apport de MO et la couverture végétale sont favorables à cette vie biologique. Quid de l’apport de digestat ? Pour répondre à cette interrogation, le projet Métha-BioSol étudie l’impact au champ, d’apports répétés de digestat de lisier de porc et des pratiques d’épandage sur la biologie du sol. Des analyses physico-chimiques et d’extraction moléculaire sont ainsi réalisées pour fournir des indicateurs et observer les effets à long terme. 

Mariana de Matos Moreira de la chambre d’agriculture de Bretagne participe au projet FertiDig qui consiste en la mise en place de fiches techniques et d’un guide de recommandation d’épandage des digestats. À l’étude: plusieurs types d’intrants, dont 600 digestats, avec des performances agronomiques différentes. "Selon la qualité de la MO incorporée dans le digesteur, nous remarquons que les digestats ont des effets plus ou moins stimulants dans le fonctionnement du sol", explique-t-elle. Ainsi, un digestat de lisier de porc en codigestion avec du fumier apporte plus de MO et quatre fois plus de carbone au sol qu’un digestat de lisier de porc en codigestion avec des biodéchets. Ce dernier contient cependant une teneur en azote total et ammoniacal plus élevée et apporte deux unités d’azote efficaces supplémentaires par mètre cube de digestat. Ce projet a pour objectif de croiser la typologie du digestat avec d’autres indicateurs agronomiques pour prévoir les effets attendus, au champ, sur la fertilité physique, biologique et chimique.

Quel impact des Cive sur le déplacement des animaux?

Lucille Capitaine de l’Université de Reims Champagne-Ardenne travaille au sein du projet Méthafaune dont l’objectif final consiste à évaluer les bénéfices et les impacts des Cive sur la faune sauvage et à proposer les éventuelles mesures d’évitement-réduction nécessaires. Sa thèse se concentre en particulier sur trois espèces d’intérêt cynégétique (perdrix grises, chevreuils et lièvres). Dans la Marne, des essais sont menés dans des zones avec et sans méthanisation pour constater si l’introduction de Cive et la hauteur de végétation influencent les populations d’animaux. Dans les Ardennes, des animaux ont été dotés d’un collier GPS dans l’objectif d’étudier leurs déplacements et d’observer s’ils diffèrent selon qu’il y a ou non présence de Cive sur le territoire.