Mycosphaerella : le colza davantage touché

À l'heure où la récolte des colzas approche, l'institut Terres Inovia revient sur les dégâts causés par le retour de conditions propices au champignon mycosphaerella, un ennemi difficile à éradiquer, qui atteint aujourd'hui l'est du pays.

Mycosphaerella, maladie du colza

Les feuilles et les tiges concentrent les premiers symptômes, avec l'apparition des taches brunâtres caractéristiques. Mais les dégâts sont surtout gênants sur les siliques. Lorsque ces dernières sont impactées, elles peuvent finir par éclater, créant ainsi une perte directe de rendement.

© Terres Inovia

Les observations menées ont permis de déceler la présence du champignon phytopathogène dans plusieurs régions, principalement sur la façade atlantique. 

Les parcelles de colza les plus touchées se concentrent dans une zone entre la Bretagne, les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire, ainsi que le Poitou-Charentes.

Propagation à l'est du territoire

D'autres parties de l'Hexagone sont aussi concernées, notamment la Champagne-Ardennes. Enfin, des premiers cas ont été signalés ces dernières semaines dans des régions de l'est, où l'on sait que la maladie s'installe peu à peu.

Cette saison, un premier cas de mycosphaerella a pu être observé sur une parcelle de colza située en Lorraine. L'Institut technique attend les résultats de l'ensemble de ses relevés, mais il semble que sa présence se confirme dans des secteurs jusque-là épargnés.

Une météo favorable au développement du champignon

Les précipitations importantes ce printemps, assorties de températures idéales pour la propagation de mycosphaerella, qui préfère un thermomètre situé entre 15 et 20°c, expliquent la multiplication des parcelles infectées. Car le mercure est longtemps resté bloqué sur ces valeurs moyennes en avril et en mai. Les experts précisent que des températures plus élevées auraient permis une réduction de l'humidité résiduelle sur la fin de cycle des colzas. 

Un ennemi sournois pour l'oléagineux

Les feuilles et les tiges concentrent les premiers symptômes, avec l'apparition des taches brunâtres caractéristiques. Mais les dégâts sont surtout gênants sur les siliques. Lorsque ces dernières sont impactées, elles peuvent finir par éclater, créant ainsi une perte directe de rendement. 

En année à pression modérée, les essais menés par Terres Inovia permettent de mettre en avant une gestion du mycosphaerella intéressante via l’utilisation de triazoles au stade classique d’intervention (stade G1 – chute des premiers pétales, les 10 premières siliques formées sur la hampe principale mesurent moins de 2cm de long). Parmi les triazoles, le prothioconazole apporte une efficacité intéressante à partir de 100g/ha appliqués. Ce passage à G1 peut être repris en cas de printemps humide 10 à 15 jours après cette première intervention. Malheureusement, en 2024, les conditions climatiques exceptionnelles ont complexifié la gestion de la maladie (peu de créneaux d’intervention, conditions favorables à la maladie jusqu’à la fin du cycle). De fait, cette année, les programmes fongicides ont peiné à contenir la maladie dans de nombreux secteurs.

Afin de réduire le risque de contamination des futures parcelles proches de parcelles touchées en 2024, il est vivement conseillé d’enfouir les résidus de culture qui constituent un réservoir d’inoculum.

Des conséquences plus néfastes cette saison

Cet agent pathogène n'est pas le pire ennemi pour l'oléagineux, d'autres nuisibles causant davantage de dégâts. En revanche, la difficulté à l'éliminer reste préoccupante.

En moyenne, le mycosphaerella entraîne une perte de rendement estimée entre 2 et 3 q/ha.

Mais cette saison, avec les conditions de développement optimales dont il a bénéficié, Terres Inovia estime que les pertes pourraient atteindre 6 à 8 q/ha, pour les parcelles les plus touchées.