Orge de printemps semée à l'automne : une pratique rentable mais risquée

En février 2017, certaines orges de printemps semées à l’automne ont subi un gel de -18°C, fatal à la culture. Crédit photo : Arvalis

La pratique du semis d’orge de printemps à l’automne paraît prometteuse au premier abord. Néanmoins, elle présente un certain nombre de risques, comme l’exposition au gel et aux maladies.

"Physiologiquement, l’orge de printemps est une espèce inadaptée à supporter des températures en dessous de -10/-12°C, rappelle Mélanie Franche, animatrice de la filière orges brassicoles chez Arvalis. Dans certains secteurs géographiques, le gel occasionne des dégâts notables deux à trois années sur dix."

Sécuriser sans trop investir

"L’orge de printemps semée à l’automne (OPsa) craint surtout le gel de fin d’hiver, au moment où elle commence à redémarrer ou que l’épi est décollé", indique Florent Thiebaut, conseiller du CETA de Romilly-sur-Seine dans l’Aube. Conscients de cette réalité, les organismes de conseil préconisent aux agriculteurs de limiter les frais sur la culture avant l’hiver: trouver le bon compromis pour sécuriser le rendement sans s’exposer à des risques économiques trop importants. Dans les sols superficiels et dans l’optique de réduire les coûts, certains agriculteurs utilisent de la semence de ferme d’orge de printemps.

"Malgré des charges en fongicides plus importantes que l’itinéraire cultural classique de l’orge de printemps, cette pratique du semis à l’automne apporte une certaine plus-value, convient Florent Thiebaut. La marge nette reste supérieure à un semis de printemps, avec des écarts plus ou moins marqués selon le contexte économique des charges et le cours de l’orge."

Élodie Joudelat, conseillère en productions végétales à la chambre d’agriculture de l’Yonne, précise que le niveau des charges d’une OPsa se situe entre celui d’une orge d’hiver et d’une orge de printemps. "Au niveau rendement, les OPsa sont plus productives qu’une orge de printemps semée au printemps (+25-30%) et qu’une orge d’hiver (+10-15%)", souligne-t-elle. Arvalis reste prudent et préconise de ne pas généraliser cette pratique sur l’exploitation, l’exposition au gel, le désherbage difficile et l’investissement fongicide étant trop aléatoires.