Pays de la Loire : diversifier les cultures pour réduire les phyto

La chambre d'agriculture des Pays de la Loire explore les impacts d'un système de culture diversifié pour réduire drastiquement les IFT. Si la diversification amène des perspectives intéressantes au niveau environnemental, les résultats économiques, eux, restent contrastés.

Déherbage blé sur parcelle maïs récemment ensilée

Des essais pluriannuels ont été conduits entre 2018 et 2022 sur une parcelle à Saint-Fort en Mayenne, dans le cadre du projet européen DiverImpacts.

© S. Leitenberger/Adobe Stock

Comparer les performances économiques, environnementales et sociales de deux systèmes de culture, voilà les objectifs d’une étude menée par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire (CAPL) entre 2018 et 2022.

Ces essais pluriannuels ont été conduits sur une parcelle à Saint-Fort en Mayenne, dans le cadre du projet européen DiverImpacts. Pour mener cette étude, les spécialistes de la CAPL se sont appuyés sur deux systèmes de culture bien distincts, à savoir :

  • un système de référence, représentatif des exploitations en polyculture-élevage de la région. Il se base sur des rotations de 4 ans, une conduite culturale en agriculture raisonnée, avec des règles de décision similaires à celles préconisées par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire ;
  • un système diversifié baptisé « DiverImpacts » qui intègre de nombreuses pratiques dites « alternatives » et se base notamment sur l’utilisation de leviers agronomiques et la diversification des cultures.

Diminuer les IFT de 70 % sans nuire à la rentabilité

Dans le cadre de cette étude, les experts de la CAPL s’étaient fixé 5 objectifs principaux :

  • diminuer de 50 % les IFT par rapport au système de référence ;
  • baisser de 70 % les IFT par rapport à la référence régionale ;
  • maintenir les résultats économiques ;
  • conserver un temps de travail identique ;
  • supprimer l’utilisation de matières actives comme le glyphosate et le S-métolachlore.

Simplifier le travail du sol pour implanter les cultures

Outre la diversification et l’allongement des rotations, l’implantation des cultures dans le système DiverImpacts a, elle aussi, été modifiée :

  • un seul labour programmé dans la rotation ;
  • un semis direct privilégié. Par exemple, le méteil est semé directement dans la luzerne, et les colzas dans un couvert de trèfles ;
  • des techniques simplifiées sont réalisées de façon systématique pour les implantations des blés, des pois de printemps, du chanvre, des méteils, du maïs, du tournesol et des couverts.

La rotation, un outil pour limiter les pressions maladies et ravageurs

Pour maîtriser l’enherbement malgré l’absence de glyphosate, des semis tardifs, l’utilisation de faux-semis, l’implantation de luzerne et d’autres leviers agronomiques ont été utilisés. Ceux-ci ont également été combinés à des désherbages mécaniques.

La gestion des maladies, quant à elle, s’est en partie basée sur l’allongement de la rotation. Car cette pratique à l’avantage de limiter le retour d’une même culture sur la parcelle et ainsi de réduire les risques de maladies, comme le piétin échaudage sur blé, le sclérotinia sur colza et l’aphanomyces sur pois.

Toujours pour limiter les attaques en tout genre, l’emploi de variétés peu sensibles aux maladies et l’utilisation de mélanges variétaux ont été privilégiés. À noter : concernant la gestion des ravageurs du colza, l’accent a été mis sur la capacité de compensation de la plante. L’idée est d’avoir des colzas bien développés à l’automne pour ne pas avoir à traiter les altises, les charançons du bourgeon terminal et les pucerons.

Les objectifs économiques ne sont pas atteints

Malgré les leviers agronomiques employés et autres pratiques mises en place, la plupart des objectifs ne sont pas atteints. C’est en tout cas ce que montre la synthèse de résultats établie sur 5 ans en fonction de 4 indicateurs :

  • un indicateur de productivité. Les rendements obtenus dans le système DiverImpacts sont plus faibles que dans le système de référence, avec une perte de produit brut. Outre des rendements de référence élevés, plusieurs raisons expliquent cette baisse des volumes, notamment les dates de semis tardives pour les blés. Selon les spécialistes de la CAPL, la baisse de rendement des maïs s’explique probablement par la présence de cultures dérobées fourragères, qui sont venues concurrencer la ressource en eau ;
  • les indicateurs économiques du système DiverImpacts, eux, sont en retrait par rapport au système de référence. L’étude met notamment en évidence des marges inférieures. À noter : la synthèse met tout de même en évidence la meilleure efficience des intrants dans le système DiverImpacts. « L’efficience économique traduit la capacité d’une culture à avoir un retour sur investissement des intrants. Par exemple, pour le premier blé tendre, pour un euro investi, huit euros de gagnés », rappellent les spécialistes de la CAPL ;
  • un indicateur social. Le temps de travail reflète des tendances plus contrastées : « Si l'on tient compte du travail total, incluant le temps de travail de l’ETA ou d’un chauffeur de Cuma, le système de culture DiverImpacts est plus chronophage que le système de référence, avec 19 % de temps en plus. Néanmoins, si l'on se place à l’échelle de l'exploitation et que les récoltes des cultures et des fourrages sont déléguées, alors le temps de travail du système DiverImpacts diminue de 19 % par rapport au système de référence », tempèrent les spécialistes de la chambre ;
  • des indicateurs environnementaux. Les fréquences de traitement ont été très nettement améliorées dans le système diversifié : « L’objectif était d’atteindre une baisse de 50 % d’IFT par rapport au système de référence. Sur 5 ans, il est atteint, puisque le système DiverImpacts a permis une baisse d’IFT de 72 % par rapport au système de référence », souligne la CAPL.

Description de la parcelle étudiée entre 2018 et 2022

Sol

Texture : limon sableux sur schiste

Profondeur : 40 à 60 cm

RU : 60 à 90 mm

Taux MO : 2,29 %

CEC moyenne : 82 méq/kg

Données pédoclimatiques

Pluviométrie annuelle : 719 mm/an

Système sans irrigation

Potentiels de rendement

Blé tendre : 75 q/ha

Colza : 35 q/ha

Maïs ensilage : 11 tMS/ha

 


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