Dès cette campagne, la société Airinov, société spécialiste du drone, va mener des opérations pilotes pour tester une nouvelle prestation : la modulation d’herbicides par coupure de tronçon en cultures sarclées.
« Du point de vue scientifique, les algorithmes sont validés et fonctionnent, présente Romain Faroux, cofondateur d’Airinov. Nous allons donc pouvoir proposer une prestation permettant de faire de la coupure de tronçon en désherbage sur la base d’une cartographie établie suite au passage d’un drone. Cette cartographie permettra aussi de calculer les quantités nécessaires et donc d’ajuster la bouillie préparée. Sur cette campagne, nous allons tester avec plusieurs distributeurs partout en France la robustesse de cette technique dans toutes les conditions : cultures, type de sol, stades… Au-delà des calages techniques, cela devrait aussi nous permettre de mieux cerner comment mobiliser cette prestation. Le planning ne peut en effet être établi aussi longtemps à l’avance qu’en fertilisation. Il faut plus de réactivité. »
Uniquement sur cultures sarclées
La modulation d’herbicides par coupure de tronçon en cultures sarclées pourrait donc bien être la première application des drones dans le domaine du désherbage. Pour des raisons technico-économiques, les drones de la société Airinov embarquent des capteurs optiques. Ils sont capables de différencier les cultures sur le rang des adventices situées hors des rangs. C’est pourquoi la technique n’est aujourd’hui opérationnelle que sur cultures sarclées.
Mais les travaux se poursuivent pour aller plus loin. Une thèse est en cours qui associe l’AgroSupDijon et la société Airinov pour permettre une identification spectrale des dicotylédones et des monocotylédones. Les premiers résultats sont encourageants.
Et sur le blé ?
Ils ne sont pas les seuls à plancher sur le sujet. C’était aussi l’un des objectifs du projet européen Rhea (1). Gilles Rabatel est directeur de recherche à l’IRSTEA et spécialiste des capteurs et du traitement d’image. Il a collaboré à ce projet de recherche. « Pour le maïs, c’est plus facile mais c’est aussi possible pour le blé en début de cycle », explique Gilles Rabatel. Dans ces essais, les drones utilisés sont des multirotors qui peuvent faire des vols stationnaires. Ils sont plus précis que les drones à ailes fixes mais disposent de moins d’autonomie et peuvent donc couvrir moins de surfaces.
Détecter les maladies
D’autres applications sont étudiées contre les maladies mais les recherches sont beaucoup moins avancées. « Nous n’en sommes encore qu’au début, avance Gilles Rabatel. Pour détecter les maladies, on peut soit observer les symptômes comme une réduction localisée de biomasse, mais plusieurs facteurs peuvent expliquer cette baisse de biomasse, soit procéder par l’identification spectrale de la maladie. Cette seconde voie est encore très prospective mais n’est pas une utopie. Des équipes de recherche commencent à obtenir des résultats sur certaines maladies. Je pense que c’est une voie d’avenir mais il faudra encore du temps. Pour avancer, un réel intérêt économique de ces méthodes est nécessaire ».
(1) Robot fleets for highly effective agriculture and forestery management