Projet R2D2 : moins d’insecticides, plus de colza

10 agriculteurs ont mis en place une gestion collective des ravageurs d’automne des colzas sur un territoire de 1.300 ha. Ce projet, baptisé « R2D2 » et animé par Terres Inovia, montre aujourd’hui des résultats positifs : baisse des IFT, hausse des volumes produits et maintien de la marge brute.

Réfléchir à l’échelle collective fait aussi émerger de nouveaux leviers d’action comme la méthode Push & Pull, qui au fil des essais s’est transformée en intercultures pièges pilotées.

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Se grouper pour lutter plus efficacement contre les ravageurs d’automne des colzas, pourquoi pas ? C’est en tout cas le pari du projet R2D2 animé par Terres Inovia. Conduit par 10 agriculteurs de Bourgogne sur un territoire de 1.300 ha, il a débuté en 2018.

Objectif : atténuer les dégâts d’insectes et réduire l’utilisation des insecticides grâce à l’action collective territoriale.

Après 6 années d’études, le jeudi 10 octobre 2024, Nicolas Cerrutti, chargé d’étude biodiversité, et Domitille Jamet, chargée d'étude système de culture et agronomie, deux spécialistes de Terres Inovia, ont présenté les résultats.

La gestion collective amène de nouvelles solutions

L’idée de travailler à l’échelle collective est liée aux caractéristiques biologiques des invertébrés : « Les ravageurs d’automne du colza sont des insectes mobiles qui utilisent les composantes du paysage : les cultures, les bois et les bosquets », rappelle Nicolas Cerrutti.

De ce fait, les approches individuelles peuvent avoir des effets contre-productifs. « Par exemple, si l’on broie une parcelle ou un bosquet, les insectes peuvent se réfugier dans la parcelle voisine », illustre le spécialiste biodiversité.

À noter : réfléchir à l’échelle collective fait aussi émerger de nouveaux leviers d’action, comme la méthode Push & Pull, qui au fil des essais s’est transformée en intercultures pièges pilotées.

>>> Lire aussi : Colza : la méthode Push & Pull pour lutter contre les ravageurs

R2D2 : une stratégie en 3 points

Ces cultures pièges font partie de la stratégie déployée pour parvenir à une gestion agroécologique de l’altise d’hiver. Celle-ci s’articule autour de 3 grandes actions :

  • augmenter le contrôle biologique, c’est-à-dire fixer des insectes auxiliaires à l’échelle du paysage ;
  • attirer les altises en dehors des parcelles de colza et les détruire ;
  • limiter les dégâts sur parcelles avec la méthode du colza robuste.

Une baisse de 39 % des IFT les 3 dernières années

D’une façon générale, les IFT des fermes engagées dans le projet R2D2 semblent diminuer à partir de l’année 2020. « Si l’on compare les 3 dernières années du projet aux 2 premières années, on observe une baisse de 39 % des IFT », détaille Domitille Jamet.

Ces IFT ont également été comparés à ceux des fermes engagées dans le réseau Dephy Bourgogne. « Globalement, on se situe dans les moyennes des fermes du réseau, avec même, en 2021, un IFT deux fois plus faible que la moyenne de référence », souligne la spécialiste.

Pour affiner les résultats, les chargés d'étude de Terres Inovia ont analysé les pratiques de traitement des producteurs : « Nos enquêtes ont montré un arrêt des traitements insecticides systématiques au profit des traitements optionnels. Désormais, depuis 2023, tous les passages d’insecticides sont déclenchés en fonction des observations des agriculteurs », assure Domitille Jamet.

Les rendements restent stables

Sur les 1.300 ha couverts par le périmètre de l’étude, les spécialistes de Terres Inovia ont observé une augmentation, puis une stabilisation des surfaces et des rendements de colza.

Outre l’augmentation des rendements et des surfaces, l’étude technico-économique montre aussi le maintien des marges brutes sur colza.

« Les producteurs engagés dans le projet R2D2 qualifient les résultats obtenus de vraie réussite », n’hésite pas à souligner Domitille Jamet.


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