La période optimale pour son semis est passée (15 février - 15 mars). Pourtant, bon nombre des parcelles dédiées à l’orge de printemps ne sont toujours pas semées. La faute à une fin d’hiver très pluvieuse comme vous avez pu le constater. Mais alors, quelle décision prendre ?
Arvalis-Institut du végétal explique que « le décalage d’un mois de la date de semis par rapport à une date "classique" de semis fin-février/début mars se traduit par le recul de la date d’épiaison d’environ 10 jours et le raccourcissement du cycle d’environ 20 jours ». Ce changement dans l’état de croissance implique deux conséquences. Tout d’abord, le risque de connaître un échaudage des grains en fin de cycle est accru : « À Dijon, entre une épiaison retardée de 10 jours et une épiaison classiquement observée (le 1er juin), on enregistre en moyenne 4 jours supplémentaires d'échaudage, avec des températures maximales supérieures à 25°C, au cours de la période de remplissage des grains (15 jours contre 11) », explique Luc Pelce, ingénieur régional Arvalis. Conséquence de cet échaudage prolongé : un effet négatif sur le rendement, mais aussi une incidence sur le calibrage et sur la teneur en protéines.
Deuxième conséquence : une diminution du nombre d’épis potentiels/m2 : « Compte tenu du lien assez fort entre la composante "nombre d’épis/m²" et le rendement des orges de printemps, il est important de pouvoir compenser ce phénomène par une majoration des densités de semis, lors de semis tardifs, de 80 à 100 grains/m² », ajoute Luc Pelce.
Historiquement, les mauvais rendements faisant suite à des semis à partir du 1er avril s’expliquent par le déficit de pluie entre le semis et l’épiaison. « Compte tenu des résultats d’essais sur le mode d’élaboration du rendement des orges de printemps, 120 mm de pluies cumulées au minimum pendant cette phase contribueraient à préserver le potentiel de rendement. »
Mais puisqu’aucune année ne se ressemble, le risque peut être pris. Il n’est pas dit que nous connaîtrons des sécheresses de printemps comme en 2017 : « L’analyse climatique fréquentielle des 20 dernières années met en évidence que dans le cas des semis de fin mars/début avril, il y a 6 chances sur 10 de cumuler assez de pluies pour ne pas dégrader le potentiel de rendement, contre 7 à 8 chances sur 10 pour les semis réalisés avant le 20 mars, explique Luc Pelce. Cette réduction est en lien direct avec le raccourcissement du cycle végétatif : les orges disposent de 20 jours en moins pour valoriser d’éventuelles précipitations. »