Limaces : la météo influence la dynamique des populations

Les limaces pourraient bien s’occuper des semis d'automne ! Après un printemps particulièrement favorable à leur prolifération, une nouvelle génération a pu voir le jour. Cette nouvelle vague sera-t-elle aussi nombreuse et vorace que celle du printemps 2024 ? Cela dépend avant tout des températures estivales enregistrées localement, ainsi que des conditions météo de l’automne 2024.

Les limaces grises Deroceras reticulatum et les limaces noires Arion hortensis et Arion distinctus sont les 3 espèces les plus actives dans les champs.

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« Les semis de colza étaient effectivement à haut risque cette année », reconnaissait Pierre Olçomendy, chef de marché anti-limaces chez De Sangosse. Les semis de céréales pourraient l’être tout autant, bien que leur résistance aux attaques soit plus élevée.

Au-dessus de 30 °C, les limaces meurent rapidement

Chez les limaces, la dynamique des populations est directement liée à la météo ! En effet, plus la température et l’hygrométrie sont favorables, plus une limace est active.

D’ailleurs, si les limaces se sont multipliées au printemps 2024, c’est en raison des conditions climatiques particulièrement favorables : « La température optimale moyenne pour les œufs, les juvéniles et les adultes est d’environ 15 °C. Les limaces sont actives entre 9 et 20 °C. En dessous de - 5 °C et au-dessus de 30 °C, elles meurent rapidement », détaille André Chabert, chargé de mission agriculture et environnement chez Acta.

Plus une limace se nourrit, plus elle pond vite et beaucoup

Placées dans des conditions optimales, les limaces se nourrissent et grossissent rapidement : « Nous estimons qu’une limace atteint la maturité sexuelle lorsque son poids dépasse 0,2 gramme », explique André Chabert. En résumé : plus une limace est active, plus elle se nourrit, et plus elle atteint tôt la maturité sexuelle.

Au cours de leur vie d’adulte, les limaces grises peuvent pondre jusqu’à 200 œufs, contre 150 pour les limaces noires. En réalité, derrière ces chiffres se cache une grande variabilité entre les individus.

Le Casdar Resolim, projet portant sur l’évaluation et la prévention du risque lié aux populations de limaces nuisibles aux grandes cultures, a mis en évidence le lien entre le potentiel de ponte des mollusques terrestres et leur gain de poids journalier.

« En effet, une étude a montré que plus le gain de poids journalier est élevé, plus la maturité sexuelle des limaces est précoce, alors plus la cadence et le potentiel de ponte augmentent », insiste le spécialiste de l’Acta.

La deuxième génération éclôt à la fin de l’été

Les limaces déposent leurs œufs dans les interstices du sol, précisément dans les premiers centimètres. « Elles ne descendent pas en profondeur comme le font souvent les vers de terre. Les pontes sont donc exposées à la dessication et aux températures atmosphériques », rappelle André Chabert.

Les accouplements s’observent principalement au printemps et à l’automne, il y a donc deux générations par an. La première génération éclôt à la fin de l’hiver, la deuxième, au début de l’automne.

Pour estimer les populations de l'automne, il est donc essentiel d’évaluer 3 facteurs qui influencent la dynamique des populations de limaces :

1/ le nombre des pontes et d'adultes présents à la fin du printemps.

Plus la génération de printemps a été nombreuse et active, plus les émergences d’automne et le nombre d'adultes risquent d’être élevés après la pause estivale ;

2/ les conditions météo de l’été.

Les pontes et les adultes sont sensibles à la dessication et aux températures élevées. En effet, les études in vitro réalisées dans le cadre de Resolim montrent une mortalité élevée lorsque les températures dépassent 30 °C, pour les œufs, les juvéniles et les adultes ;

3/ les conditions automnales lors des semis.

L’activité des limaces durant l'automne dépend évidemment des conditions de température et d’hygrométrie enregistrées lors des semis de colza et de céréales.

Trois espèces de limaces à surveiller

Les limaces sont présentes sur la quasi-totalité du territoire et s’attaquent à plus de 60 % des espèces végétales. Ces petites bêtes dévoreuses de plantules se nourrissent principalement la nuit et en début de matinée.

Les 3 espèces les plus actives dans les champs sont :

  • Deroceras reticulatum appelée communément la « limace grise » ;
  • Arion hortensis, qui fait partie des limaces noires ;
  • Arion distinctus, qui fait partie également des limaces noires.

« La vulnérabilité des cultures aux attaques de limaces dépend en grande partie de la position du bourgeon terminal. Lorsqu’il est situé à la base de la tige, sous la surface du sol, il est mieux protégé. C’est le cas notamment des céréales. D’ailleurs, elles sont plus résistantes aux attaques que les colzas, dont le bouton terminal est situé au-dessus du sol », explique André Chabert, chargé de mission agriculture et environnement chez Acta, l’association de coordination agricole.