Pois protéagineux : des pistes pour booster les rendements même en cas de stress hydrique

La réponse au stress hydrique des pois protéagineux diffère d’une variété à l’autre. C’est en tout cas ce qu’a mis en évidence le projet Arecover. Mais ce n’est pas tout : ce programme d’essais mené par Terres Inovia et Inrae a aussi estimé les gains de rendement liés aux apports d’eau précoces.

Entre 2021 et 2023, des spécialistes de Terres Inovia et de l'Inrae ont étudié les effets du stress hydrique chez le pois.

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« Des apports d’eau précoces améliorent le rendement des pois d’au moins 15 q/ha », assure Véronique Biarnès, chargée d’études écophysiologie et génétique chez Terres Inovia. Cette spécialiste est intervenue le 2 mai 2024, lors des Jeudis de Terres Inovia, pour présenter les résultats d’Arecover. Ce projet de recherche porte sur les effets du stress hydrique chez le pois.

Ce projet s’est déroulé entre 2021 et 2023. Il était coordonné par Terres Inovia et Inrae, et s’articulait autour de deux objectifs principaux :

  1. Déterminer les caractéristiques du système racinaire des pois qui améliorent la tolérance au stress hydrique.
  2. Identifier des marqueurs et des gènes impliqués dans la résistance au stress hydrique.

Astronaute, une variété plus résiliente à la sécheresse

Une première expérimentation a été menée en conditions contrôlées. Elle a permis aux scientifiques d'Inrae d’étudier le système racinaire de pois en situation de stress hydriques. Leurs observations portaient sur deux critères principaux : la croissance racinaire et l’évolution des nodosités. Cinq variétés ont été testées : Astronaute, Mowgli, Mythic, Kayanne et Safran.

Parmi ces cinq variétés, Astronaute s’est révélée être la plus résiliente. « En effet, en condition de sécheresse, Astronaute s’enracine rapidement et en profondeur. La plante produit alors moins de nodules », explique Véronique Biarnès. Cette augmentation de la surface d’échange racinaire favorise l’absorption et donc améliore la résilience de la plante.

« À l’inverse, les variétés Mowgli et Mythic, produisent, elles, plus de nodosités au détriment de la biomasse racinaire », explique la spécialiste.

À noter : une aptitude appelée « la mémoire du stress » a été observée chez le pois Safran. En effet, cette variété présente une résistance accrue au stress hydrique après un premier épisode de sécheresse.

15 à 20 q/ha supplémentaires avec des apports d’eau précoces

Pour confirmer les observations d'Inrae, Terres Inovia a procédé à des essais variétaux au champ. Les résultats montrent un comportement similaire des variétés en conditions contrôlées et en pleine terre. Même si l'irrigation des pois de printemps est une pratique peu répandue, les données collectées ont aussi permis d’évaluer ses effets sur les cultures de pois de printemps.

Les spécialistes de Terres Inovia sont formels : un apport d’eau en fin de croissance ou en début de floraison booste la productivité. Comparé à des apports plus tardifs ou à l’absence d’irrigation, un arrosage précoce entraîne :

  • un gain de rendement compris entre 15 et 20 q/ha ;
  • une hausse de la teneur en protéines comprise entre 1 et 3 points.

En revanche, lors des essais, les modalités ont toutes été confrontées à des températures supérieures à 25°C durant la floraison et la période de remplissage du grain. « Ces températures élevées expliquent probablement les rendements inférieurs à 50 q/ha de l’ensemble des microparcelles étudiées, estime Véronique Biarnès. Alors oui, un apport d’eau précoce peut améliorer la productivité. Mais cet effet bénéfique peut aussi être contrecarré par de fortes chaleurs. »

Outre mesurer l’intérêt de l’irrigation et les réponses variétales aux stress, ce projet a aussi été l’occasion d’identifier cinq gènes impliqués dans la tolérance aux stress hydriques chez le pois.