Stocker le carbone et ne surtout plus en déstocker

Toute végétation en croissance est un puit de carbone en puissance. Il ne faut d'ailleurs pas confondre stock avec variation de stock... Crédit Photo : Christophe Frébourg

"Le respect de l’Accord de Paris impose de parvenir, dans la seconde moitié du siècle, à la neutralité des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine. Cela suppose de baisser fortement nos émissions de gaz à effet de serre et d’être, dans le même temps, en capacité de stocker annuellement l’équivalent carbone de tout ce que l’on émettra encore", note Madeleine Charru, déléguée aux partenariats à Solagro, lors de l’Université Afterres 2050.

Or en 2019, les activités humaines françaises ont conduit à l’émission de 441 millions de tonnes équivalent (téq) CO2 quand, dans le même temps, seulement 26 millions de téq CO2 étaient absorbées sur le territoire. Pour respecter l’Accord de Paris, la France doit donc consentir à diviser par 6 ses émissions de gaz à effet de serre et, en même temps, à multiplier par 3 ses capacités de stockage de carbone. Ce qui permettrait alors d’aboutir à la neutralité carbone pour les émissions domestiques. Car ne sont pas prises en compte dans ces calculs les productions importées sur le territoire, dont les émissions représentent autant que les émissions domestiques du pays.

La photosynthèse pour stockage additionnel des quarante prochaines années

Actuellement, les océans représentent, avec 9,2 milliards de tonnes équivalent CO2, une capacité de stockage d’un quart des émissions mondiales (23 %). Il s’agit d’une véritable pompe à carbone dont l’efficacité n’est cependant pas assurée pour l’éternité. En effet, son efficacité peut se réduire. En attendant, si l'on ajoute la forêt aux océans, plus de la moitié des émissions mondiales sont stockées (54 %). Faut-il encore trouver d’autres capacités de stockage pour compenser les émissions qui ne peuvent pas être évitées.

En France, les capacités de stockage additionnelles liées à l’activité photosynthétique représentent un potentiel de 7 % des émissions nationales. À condition de maintenir les écosystèmes déjà existants tels que les forêts, les océans et les prairies. Il faut également être conscient que ces leviers liés à la photosynthèse atteindront un équilibre d'ici 30 à 40 ans à partir du moment où ils ne seront plus source de stockage additionnel. C’est pourquoi il est urgent dans cette perspective d’éviter de déstocker du carbone.