Terres Inovia veut booster la production de légumineuses à graines

« Insérez les » est un projet animé par Terres Inovia pour favoriser l’innovation autour des légumineuses en France. Ce projet s’appuie sur une approche interdisciplinaire et un consortium de onze partenaires. Il a pour ambition de stabiliser les rendements, d’optimiser la culture et la transformation, et créer de nouveaux débouchés.

Broad bean plantin field

Un consortium de 11 partenaires à l’origine du projet « Insérez les » souhaite renforcer et soutenir l’innovation autour des légumineuses.

© Heliosphile/Adobe Stock

« La fixation annuelle d’azote symbiotique par les cultures agricoles mondiales représente environ 50 Mt d’azote, soit 25 % des entrées d’azote dans les sols de la planète, explique Anne Schneider, coordinatrice du projet « Insérez les » (pour « insertion réussie des légumineuses à graines dans les systèmes agricoles et alimentaires »), animé par Terres Inovia. Pourtant à l’échelle européenne, cette fixation atmosphérique par les cultures s’élève à seulement 5 % des entrées dans les sols, soit 1 Mt d’azote par an. »

Baisse de la production de légumineuses à graines

En plus de cette faible fixation d’azote à l’échelle européenne, en France, les surfaces de légumineuses à graines semblent reculer. C’est en tout cas ce qu’indique Anne Schneider : « En général, les légumineuses représentent 4 % des cultures non fourragères. Pourtant, aujourd’hui, on constate que ces surfaces représentent plutôt 2 % de la sole des exploitations céréalières », souligne-t-elle à l’occasion des jeudis de Terres Inovia, le 3 octobre 2024.

Pourtant, les légumineuses sont à la croisée de nombreux enjeux de la transition agricole, par exemple ceux de l’autonomie protéique, de la souveraineté alimentaire et de la santé des sols, pour ne citer que ceux-là.

Un projet autour de 6 espèces de légumineuses à graines

C’est dans ce cadre qu’est donc né le projet « Insérez les », dont l’objectif est d’encourager la présence des légumineuses dans les champs et les assiettes. Ce programme s’intéresse à 6 espèces : la lentille, le pois, le pois chiche, le lupin, le soja, la féverole.

« Si la production est en recul, cela résulte d’un verrouillage sociotechnique », assure Anne Schneider. Elle explique que ce verrouillage est lié à la simplification des productions agricoles au cours des 50 dernières années, qui, de façon très schématique, prioriserait l’exportation des céréales et l’importation de tourteaux de soja.

Soutenir l’innovation autour des légumineuses

Aujourd’hui, les enjeux climatiques rebattent les cartes : « C’est l’occasion d’enclencher des mécanismes basés sur des alternatives, à savoir des productions plus diversifiées et moins impactantes pour l’environnement », détaille Anne Schneider.

Le consortium de 11 partenaires à l’origine du projet souhaite renforcer et soutenir l’innovation autour des légumineuses. Ces acteurs des secteurs privé et public se sont posé plusieurs grandes questions pour le bâtir, à savoir :

  • pourquoi implanter des légumineuses à graines ?
  • comment choisir l’espèce, le système approprié et le modèle économique ? Pour quels bénéfices ?
  • comment assurer la valeur ajoutée par des débouchés à haute valeur ajoutée ?
  • comment coordonner des actions collectives régionales pour créer de la valeur ?

Un projet en 6 axes

Pour augmenter les connaissances et générer davantage de valeur ajoutée, le projet se structure en 6 modules de travail :

  • le premier module retenu s’articule autour de la valeur ajoutée et plus précisément de la transformation LowTech des légumineuses : des recherches pour aboutir à la mise en place de procédés de décorticage, de fermentation et d’élaboration de produits finis. Ainsi, les légumineuses pourraient être valorisées sur le marché des graines décortiquées, des légumineuses fermentées et sur celui des produits agglomérés comme le couscous ou la biscuiterie. « L’idée est de travailler sur des scénarios de transformation à petite échelle sur 4 espèces : la féverole, le pois, le soja et le pois chiche », précise Anne Schneider ;
  • le deuxième module consiste à faire reconnaître les services environnementaux rendus par les légumineuses à graines. Terres Inovia prévoit notamment de mettre en place des expérimentations et des simulations pour appréhender et quantifier les effets de ces légumineuses sur les cultures suivantes ;
  • le troisième module du projet concerne la production. Objectif : comprendre et réduire l’écart au rendement potentiel des légumineuses à graines pour réussir leur insertion dans les systèmes ;
  • le quatrième module s’attaque à la génétique. Il concerne la sélection de variétés avec pour ambition de stabiliser la production de pois, féverole, lentille, pois chiche et lupin ;
  • le cinquième module de ce projet est centré autour de la répartition de la valeur. « L’idée est de déterminer les critères de réussite pour faire émerger les initiatives individuelles et collectives en lien avec la production des légumineuses », assure la coordonnatrice du projet ;
  • enfin, le dernier module s’articule autour de la mise en réseau et de la diffusion des résultats pour faciliter les synergies entre les différents programmes comme Cap Protéines et Optileg, pour ne citer que ceux-là.

 

Le projet « Insérez les », en bref

Début du projet : mars 2024

Durée : 4 ans

Consortium : 11 partenaires (avec également des collaborations à l’échelle régionale entre des OS, des acteurs privés, des chambres d’agriculture et des agriculteurs)

Coordination : Terres Inovia

Coût total du projet : 7,8 M€

Financement de l’ANR : 2,99 M€