
« Nous avons la chance que les coléoptères ne réalisent qu’un seul cycle par an, souligne Laurent Ruck, responsable national de l’évaluation des insecticides et du biocontrôle des ravageurs au sein de Terres Inovia, lors du Webiphyl organisé par Végéphyl. Cela limite la pression de sélection des résistances des populations d’insectes. Les résistances des coléoptères ravageurs du colza aux pyréthrinoïdes posent des problématiques au champ depuis quelques années seulement, or les pyréthrinoïdes sont utilisés depuis plus d’une quarantaine d’années… »
Les méligèthes depuis 1999, le charançon du bourgeon terminal et les altises d’hiver depuis 2014-2015 présentent des résistances aux pyréthrinoïdes avec perte d’efficacité au champ… Et les premières mutations ont été détectées, sans perte d’efficacité au champ pour l’instant, chez le charançon de la tige du chou et du colza ainsi que chez le charançon des siliques.
Les produits phytosanitaires sélectionnent les individus résistants
Céline Robert, chargée d’études ravageurs des cultures et faune auxiliaire au sein de Terres Inovia, tient de ce pas à rappeler : « Les produits phytosanitaires ne fabriquent pas les résistances chez leurs insectes cibles, ils sélectionnent les insectes résistants. La mutation induisant une résistance doit donc exister dans la population. Les individus qui en sont porteurs survivent, transmettent la mutation à leur descendance et les individus résistants représentent au fur et à mesure des traitements une proportion toujours plus importante dans cette population. »
En ce qui concerne la résistance aux pyréthrinoïdes, deux principaux mécanismes peuvent être impliqués : par mutation de la cible (mutation sur la partie du gène codant pour le site de fixation de l’insecticide) et par détoxification (production en grande quantité d’une enzyme capable de dégrader ou d’inhiber les effets de l’insecticide). Selon les ravageurs, les mécanismes impliqués sont différents.
Ces dernières années, la très grande majorité des mesures ont été menées sur charançons du bourgeon terminal et altises d’hiver. Pour les autres espèces où des mutations ont récemment été détectées (charançon de la tige du colza et du chou, charançon des siliques), les références sont disponibles en trop faible quantité.