La filière blé tendre devrait réussir à préserver la qualité

À l'occasion d'une conférence de presse, les experts de FranceAgriMer et d'Arvalis sont revenus sur les caractéristiques des céréales récoltées. Alors que la quantité fait défaut, la qualité, à condition qu'elle soit améliorée par les organismes stockeurs et les opérateurs portuaires, pourrait permettre de sauver la campagne. 

Silos of grain

Malgré de fortes pluies en fin de cycle, la teneur en eau est, en moyenne nationale, à 13,6 %, et 92 % de la récolte de blé tendre sont inférieurs à 14,5 %, ce qui laisse présager peu de difficultés pour la conservation des grains.

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Le pain, sous toutes ses formes, devrait être sauvé ! En effet, si la quantité de blé tendre fait défaut – la dernière estimation du SSP/Agreste concernant la production française de blé tendre en 2024 a été révisée à la baisse, et est désormais de 25,8 Mt contre une prévision de juillet dernier à 29,6 Mt –, au terme d'une récolte qualifiée de « catastrophique » par les producteurs agricoles comme par les spécialistes du ministère de l'Agriculture, il restait à en vérifier la qualité.

C'est ce qu'ont fait les experts d'Arvalis et de FranceAgriMer, en prélevant, pour le blé tendre, 566 échantillons, sur 278 sites à travers la France. Des échantillons juste avant leur entrée en silos, sans qu'ils aient été « travaillés » par les organismes stockeurs, ou, pour les exportations, par les opérateurs portuaires.

Des résultats encourageants

Sur les grands critères – teneur en protéines, poids spécifique, teneur en eau et indice de chute de Hagberg –, les résultats sont parfois hétérogènes, certes, mais plutôt encourageants. De fait, si la pluie a eu tendance à « lessiver » la teneur en protéines, elle est quand même d'une moyenne de 11,4 % au niveau national. Près des trois quarts de la collecte affichent une teneur en protéines supérieure à 11 %, et 41 % une teneur supérieure à 11,5 %, en particulier dans le Centre et l'Est.

Le poids spécifique, maillon faible

Le poids spécifique est, lui, non seulement hétérogène mais en moyenne plus faible que d'habitude, puisque 28 % de la collecte enregistrent un poids spécifique supérieur à 76, en particulier dans le Sud-Ouest, alors qu'en général, ce sont les trois quarts de la collecte qui sont supérieurs à ce chiffre.

Peu de difficultés de conservation

Quant à la teneur en eau (avec les fortes pluies en fin de cycle), elle est, en moyenne nationale, à 13,6 %, et 92 % de la récolte de blé tendre sont inférieurs à 14,5 %, ce qui laisse présager peu de difficultés pour la conservation des grains.

Une belle « force boulangère »

Enfin, l'indice de chute de Hagberg est excellent, 99 % de la collecte se situant au-dessus de 240. De surcroît, Christine Bar, cheffe du service qualités et valorisations d'Arvalis, remarque une « force boulangère plus élevée, en raison de la bonne qualité des protéines, essentielle pour la boulangerie ». En outre, ajoute-t-elle, « l'aspect élasticité et extensibilité est à l'équilibre, les rapports ténacité/extensibilité étant, pour 82 % des échantillons examinés, inférieurs à 1, ce qui, là aussi, est bon pour la boulangerie, sans oublier que le gluten est adapté à cet usage ».

Un bon Gluten Index

De fait, le Gluten Index, autre indicateur (relié à la teneur en protéines), montre que 78 % de la collecte affichent un indice supérieur à 21 pour le gluten humide. Enfin, les tests de panification qui ont également été effectués résultent en une très bonne note. Un bon score se situe en effet sur les niveaux de 250, or 94 % des blés étudiés affichent un niveau supérieur et 60 % atteignent même des niveaux au-dessus de 260. Autant dire que, même avec de petits grains, le blé de la campagne 2024 offrira la possibilité de faire des pains de beaux volumes.

Corriger certaines faiblesses

Reste cependant du travail à faire aux organismes stockeurs ou aux opérateurs portuaires s'ils veulent corriger certaines faiblesses, grâce au nettoyage et à l'assemblage de lots pour améliorer une partie des critères et faire en sorte que les tonnes de blé qui seront proposées, en particulier à l'export, répondent aux normes généralement requises dans les contrats établis. « Grâce au travail des organismes de stockage, un point peut être facilement rattrapé sur le critère poids spécifique », fait ainsi valoir Christine Bar.

La quantité manque tout de même

Certes, la qualité est là, et pourra même être améliorée, mais il n'en reste pas moins qu'en matière d'exportation, la quantité disponible, par définition, est cruciale. Si la filière va tenter de remettre la moisson de blé tendre aux normes pour la valoriser à l'exportation, encore faut-il en effet que les quantités soient disponibles.

Des prévisions d'exportation en recul

Pour l'heure, les prévisions dans ce domaine restent à seulement 6 Mt de blé tendre qui seraient envoyées dans les autres pays de l'Union (soit un recul de 4 % par rapport à la précédente campagne) et de 4 Mt dans les pays tiers (soit un effondrement de 61 %). De quoi inciter d'autres pays, dont la Russie et l'Ukraine, à se positionner sur ces marchés...