La filière céréales se veut porteuse de solutions

L'assemblée générale d'Intercéréales, qui s'est tenue le 14 novembre à Paris, a été l'occasion de revisiter les grands enjeux – de l'export à la décarbonation – et de mettre en lumière les actions prises pour atteindre les objectifs fixés.

Productrice principale de céréales en Europe, la France doit assumer sa place de leader. Crédit: Tema Agence

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a beau avoir été absent – pour cause de déplacement dans les Hauts-de-France, sinistrés par les inondations – l'assemblée générale d'Intercéréales, qui s'est tenue le 14 novembre à Paris, a été l'occasion, au-delà d'un état des lieux chiffré, d'envoyer quelques messages. Aux pouvoirs publics comme aux acteurs de l'interprofession des céréales françaises. Collaboration pour trouver des solutions, confiance et résilience ont été les maîtres mots de la journée, sans coups de gueule, mais avec quelques positions affirmées. Sur un éventuel traité commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, par exemple. Les céréaliers français, qui participent largement aux échanges internationaux, ne sont pas contre, mais à condition que ces relations soient équilibrées et ne mettent pas en péril leur propre compétitivité, ce qui n'est pas – ou pas encore – le cas, selon eux, dans le traité, non ratifié pour l'instant.

>>> À lire aussi : Davantage de cohérence demandée dans la politique commerciale européenne

Élément clé de la balance commerciale

Autre message, sur l'export. Bruno Barrier-Guillot, directeur des études scientifiques et économiques d'Intercéréales, n'a pas manqué de souligner son importance pour la filière – et pour la balance commerciale française. L'an dernier, le total des exportations de produits agricoles bruts et de produits agroalimentaires a atteint 83,5 milliards d'euros. La valeur des exportations de produits bruts s'élève à 22,4 milliards d'euros, un niveau record (supérieur de 36% à celui de 2021), dont 14,5 milliards d'euros vers les autres pays de l'Union européenne (+31%) et 7,9 milliards d'euros vers les pays tiers (+45%), selon l'Agreste. Mieux, en octobre 2022, l'excédent des échanges agroalimentaires français a atteint son plus haut niveau en dix ans. Une augmentation principalement due à la progression des exportations de produits bruts, et notamment de céréales, vers les pays tiers, qui s'est poursuivie en 2023.

"Même en pleine moisson, nous avons tenu à recevoir des délégations d'Égypte, du Maroc, d'Algérie et de Chine", a d'ailleurs précisé Anne-Laure Paumier, directrice du département relations internationales d'Intercéréales. "Entre blé et orge, la Chine reste, en 2022-2023, le premier client des céréales françaises, avec plus de 3,5 Mt importées", relève le bilan 2023 de la filière, pour poursuivre: "En moyenne, chaque année, sur deux tonnes de céréales brutes produites, une tonne est exportée. Et la France est le 7e exportateur mondial de céréales en 2022-2023." Ainsi, en 2022-2023, 13,7Mt de grains (hors semences) ont été exportées vers les autres pays de l'UE et 13,8Mt vers des pays tiers.

En tête en Europe

Mais si, avec un total de 60,5Mt de céréales (semences incluses) produites sur 9 millions d'hectares en 2022 (soit 15% de la surface du pays, dont 558.000 hectares en bio), selon Eurostat, la France est en tête des sept grandes nations productrices en Europe (suivie par l'Allemagne et la Pologne, avec respectivement 43,5Mt sur 6,1 millions d'hectares, et 34,6Mt sur 7,2 millions d'hectares), elle doit aussi assumer son rôle de leader, en particulier dans la décarbonation des activités.

À cet égard, Jean-François Loiseau, président d'Intercéréales, souligne que la filière "doit avant tout être porteuse de solutions". Et elle l'est, ou en tout cas, fait tout pour, notamment avec des travaux menés dans différents domaines, dont la logistique.

Intercéréales a ainsi lancé deux études, l'une sur les flux, afin de "dessiner des trajectoires réalistes à horizon 2030 et 2050, en partenariat avec la Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités, et une autre, portant plus précisément sur une plateforme digitale, dans le but, là aussi, d'avoir une meilleure visibilité sur les flux dans le territoire Seine-Nord", a précisé Isabelle Tailhan, responsable régions pour l'interprofession. L'objectif ultime étant d'obtenir "une logistique performante, compétitive et multimodale", résume l'édition 2023 d'Intercéréales.

Feuille de route décarbonation

Car certes, la production agricole contribue, de façon positive, par le biais du stockage carbone dans le sol ou la biomasse, à la lutte contre le dérèglement climatique, mais elle n'en est pas moins le deuxième poste d'émissions de gaz à effet de serre de la France (avec 19% du total national et 85 MtCO2 eq. émis en 2019). D'ailleurs, une deuxième feuille de route sur la décarbonation devrait prendre forme d'ici la fin de cette année, a promis Intercéréales.

Enfin, forte de ses engagements environnementaux et de son poids dans la balance commerciale, la filière n'hésite jamais à faire valoir ses points de vue auprès de l'administration, comme dans le cas de l'utilisation de phosphine pour traiter les cargaisons de céréales dans les cales des bateaux. Interdite en France depuis avril dernier, la fumigation avec ce produit est obligatoire pour pouvoir débarquer la marchandise dans de nombreux pays clients, dont ceux d'Afrique du Nord...

"Nous avons alerté l'État, réglé le problème et évité un frein brutal à nos exportations", a assuré Marine Imbault, responsable des affaires publiques d'Intercéréales.

Autres engagements

Sûrs d'eux malgré les aléas, qu'ils soient climatiques ou géopolitiques, les céréaliers français s'engagent aussi à garantir une haute qualité sanitaire à chaque étape de la production, de la mise en culture à l'élaboration des produits finis, à améliorer la qualité nutritionnelle des produits et à développer la traçabilité avec de nouvelles technologies.

Gages de succès auprès des consommateurs, ces engagements le sont aussi pour la vitalité des territoires, d'autant que les emplois dans la filière s'élevaient à un total de 540.000 en 2022, selon une étude CMI-Intercéréales.