« La logique protectionniste est définitivement dépassée »

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Pour Pascal Lamy, ancien directeur général de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), « ce n’est pas la mythologie du repli sur soi qui permettra à la France de regagner des parts de marché et de redresser sa compétitivité ». En juillet 2014, il signe un cahier  « L’organisation mondiale du commerce, nouveaux enjeux, nouveaux défis » publié par En Temps Réel (un think tank associant universitaires, représentants du monde de l’entreprise, élus et acteurs de la société civile). Morceaux choisis.

Dans son document il revient sur la réalité de l’échange commercial international et sa nouvelle configuration et en tire des conclusions (ou préconisations) quant à une nouvelle gouvernance de l'OMC et distille quelques perspectives pour l'UE et la France.

En guise de préambule, il insiste sur le fait que "la mondialisation, malgré la crise, se poursuit mais tend à changer de visage, dans le sens où les questions collectives sociétales devront, voire font déjà partie du système."

La transformation des échanges

La première partie de son document est consacrée à la transformation des échanges liée, « au made in world », « à la réduction accélérée des coûts liés à la distance »,  ce qui, selon lui "ne permet plus d’être dans la logique de ce qui est loin sur le plan géographique ou géopolitique est susceptible de freiner les échanges. »

Il estime qu’en moyenne dans le monde, le contenu en importations d’un produit est passé de 20% il y a 20 ans à 40% aujourd’hui et il devrait être de 60% dans 20 ans. Autrement dit:

Rester attaché au raisonnement qui consiste à discréditer les importations au profit des exportations revient à passer à côté de la réalité qui veut que les importations représentent près de la moitié des exportations. Autrement dit, vouloir rétablir les freins à la distance en limitant les échanges par une augmentation des taxes sur les apports étrangers consisterait tout simplement à se tirer une balle dans le pied.

De son point de vue, ce qui prévaut désormais dans les échanges commerciaux ce n’est pas tant les barrières tarifaires qui vont se réduire davantage mais la différence en matière de réglementation qui existe entre les partenaires. 

Dans ce nouveau paysage, il ne s’agit plus seulement pour les partenaires de minimiser le coût et d’optimiser le gain, mais de faire respecter les standards.

Sur ce point toujours, il estime que la convergence des standards se fera par le haut. En précisant que dans cette optique, États-Unis et Union européenne ont tout à gagner à fixer ce qui pourrait devenir des normes mondiales.

La France et le protectionnisme 

Dans son document, une partie de sa conclusion est consacrée à la France. Il se dédouane de vouloir dresser un tableau idylique de la mondialisation mais précise qu'il faut regarder en face les structures du commerce international pour s’y intégrer intelligemment et efficacement.

Pour des raisons qui tiennent à l’histoire, la France est réticente vis-à-vis de la mondialisation. Mais compte tenu de l’interpénétration croissante des tissus productifs et de l’interdépendance des structures commerciales, il est de moins en moins pertinent de restreindre volontairement ses importations pour préserver des emplois qui sont perdus à l’export. Cela reviendrait à privilégier la dégradation de la valeur ajoutée d’une économie. La France a les moyens d’en tirer profit et d’y tenir sa place plutôt que de se replier.

 Pour aller plus loin

EN TEMPS REEL "Les cahiers" : L'organisation mondiale du Commerce: nouveaux enjeux, nouveaux défis.

Commissariat à la stratégie et à la prospective: Quelle France dans 10 ans?

 

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